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Économie

L’électricité va encore augmenter

Le patron de l’Elcom, Werner Luginbühl, anticipe de nouvelles hausses de prix en 2024: un paradoxe


20 janvier 2023 à 07:04

Energie » La facture d’électricité risque d’enfler à nouveau sensiblement l’année prochaine pour de nombreux ménages suisses. «Malgré la baisse des prix du marché en de nombreux endroits, il faut s’attendre à une nouvelle hausse sensible des prix en 2024», a déclaré le président de la Commission fédérale de l’électricité (Elcom), Werner Luginbühl.
Dans le cadre du Congrès suisse de l’électricité qui se tenait à Berne jusqu’à hier, il a appelé la branche à soigner sa communication afin de susciter l’acceptation des consommateurs. Il ne faudra pas non plus s’étonner si les structures d’approvisionnement helvétiques sont mises sur le tapis, a poursuivi le Bernois.

Pris de gros élevés
«De nombreux consommateurs finaux ne comprennent pas comment il est possible que les tarifs augmentent autant en Suisse alors que, sur l’ensemble de l’année, on y produit à peu près autant d’électricité qu’on en consomme», a-t-il signalé, précisant que la production provient essentiellement de l’énergie nucléaire et hydraulique, dont les coûts sont restés inchangés.
Or, il faut savoir que même si la production et la consommation annuelles coïncident peu ou prou, la Suisse exporte habituellement de l’électricité en été, mais dépend des livraisons de l’étranger en hiver. Et les prix du marché européen, déterminants pour la Suisse, sont fortement tributaires des prix du gaz.
Les tarifs «exceptionnellement élevés sur le marché» sont déterminés par les prix élevés du gaz et non par la crainte d’une pénurie d’électricité, a affirmé l’ex-sénateur, soulignant l’incertitude entourant les perspectives futures.
Cet hiver, la situation s’est certes quelque peu détendue, à la faveur d’une météo particulièrement clémente. L’Europe est en outre parvenue à compenser avec un certain succès la suppression du gaz russe et remplir «très bien» ses réservoirs de gaz. Les centrales nucléaires françaises ont également affiché une production plus importante que prévu.
Le régulateur est lui-même fréquemment sollicité par le public, qui se demande «que fait donc l’Elcom contre les prix élevés?» L’autorité fédérale indépendante n’approuve justement pas les tarifs, a insisté M. Luginbühl, invitant les acteurs de la branche à «renoncer à de telles affirmations».

Nombre de PME touchées
L’Elcom peut certes vérifier si certaines marges sont calculées de manière trop généreuse, mais en ce qui concerne la stratégie d’achat, la responsabilité incombe aux fournisseurs d’électricité, et le régulateur ne peut «en principe» pas intervenir dans ce domaine, assure le dirigeant.
En début d’année, la facture d’électricité pour les ménages suisses s’est envolée de 27% en moyenne, des hausses de tarifs «parfois massives et sans précédent», a martelé le président de l’Elcom. Et de rappeler que cela touche également l’approvisionnement de base de plus d’un demi-million de petites et moyennes entreprises (PME).
Revenant sur les fortes différences d’une région – voire d’une localité – à l’autre, M. Luginbühl estime qu’on peut discuter du bien-fondé ou non de la stratégie des fournisseurs, mais «la mauvaise et la bonne fortune» ont également joué un rôle.
La crise actuelle a un «effet salutaire», estime le dirigeant, dans la mesure où il n’y a plus grand monde aujourd’hui qui considère la sécurité de l’approvisionnement énergétique comme une évidence.
Le raout annuel de la branche, organisé par l’Association des entreprises électriques suisses (AES) et l’Association pour l’électrotechnique, les techniques de l’énergie et de l’information (Electrosuisse) accueillait mercredi et hier quelque 400 représentants de la politique, de l’économie et de la recherche.  AWP/ATS

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