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Économie

Banques. Le milliardaire géorgien Ivanichvili veut poursuivre Julius Baer

Après Credit Suisse, le milliardaire Bidzina Ivanichvili vise désormais Julius Bär. Accusant l'établissement de "chantage politique", le chef du parti Rêve géorgien au pouvoir en Géorgie entend actionner la justice contre le gestionnaire de fortune.

Les avocats d'Ivanichvili reprochent notamment à la banque un manque d'informations ainsi que des retards dans l'exécution de transferts d'argent (archives).KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER

ATS
AWP

ATS et AWP

Aujourd’hui à 13:00, mis à jour à 13:13

Temps de lecture : 3 min

Ses avocats lui reprochent notamment un manque d'informations ainsi que des retards dans l'exécution de transferts d'argent. Une grande partie du patrimoine récupéré par M. Ivanichvili après des décisions de justice en défaveur de Credit Suisse a été transféré à Julius Bär, ressort-il du communiqué du cabinet d'avocats géorgien Metric diffusé en début de semaine.

Selon ce dernier, les relations entre la banque zurichoise et le milliardaire se sont dégradées ces derniers mois.

Les avocats de M. Ivanchvili reprochent à Julius Bär d'avoir retenu des informations concernant les comptes du milliardaire et éphémère premier ministre géorgien entre 2011 et 2012. Ils accusent également la banque de l'avoir menacé de résilier la relation d'affaires entretenue avec ce dernier au motif de son statut de personne politiquement exposée (PEP).

Contactée jeudi par l'agence de presse AWP, Julius Bär n'a pas souhaité commenter l'affaire. "En principe, nous ne nous exprimons pas sur les affaires supposées ou réelles de nos clients", a déclaré une porte-parole, après que le portail en ligne "Tippinpoint" a fait état de la menace d'une action en justice.

Statut de client politiquement exposé

Selon Metric, la banque a omis de prendre des mesures après que divers fonds spéculatifs n'aient pas respecté les délais de remboursement de fonds. Le milliardaire géorgien soupçonne désormais le gestionnaire de fortune d'agir "de manière coordonnée" avec des hedge funds à son détriment.

En décembre 2024, la banque aurait ensuite menacé de clôturer les comptes d'Ivanichvili en raison de son statut de personne politiquement exposée. Julius Baer aurait en outre interprété des sanctions américaines de manière incorrecte et à son propre avantage, en déclarant que le milliardaire et sa famille y seraient soumis.

Pour mémoire, M. Ivanichvili a croisé le fer dix ans durant devant diverses juridictions dans le monde contre Credit Suisse. Le milliardaire, qui a fait fortune en Russie et dans les pays voisins dans l'industrie métallurgique après l'effondrement de l'Union soviétique, était client d'un conseiller de l'ex-numéro deux bancaire helvétique à Genève, lequel avait détourné des fonds dont il avait la charge.

Alors que l'ancien conseiller, qui avait été condamné en 2018 à cinq ans d'emprisonnement, s'est suicidé en 2020, la banque aux deux voiles, désormais une entité d'UBS, s'est vue contrainte en 2023 par la justice des Bermudes de verser 600 millions de dollars à M. Ivanichvili. Un tribunal de Singapour a pour sa part accordé au milliardaire un versement de 740 millions de dollars.

Les procédures civiles à l'examen en Suisse doivent permettre à M. Ivanichvili de récupérer des fonds qui n'ont pas été inclus dans les procès à Singapour et aux Bermudes, selon le cabinet Metric.

Ayant vendu en 2011 l'ensemble de ses actifs en Russie, M. Ivanichvili, dont le magazine Forbes estimait en 2012 la fortune à 6,4 milliards de dollars, s'est lancé dans la politique en Géorgie en créant la coalition de partis du Rêve géorgien. Ce dernier s'est déclaré vainqueur des élections législatives d'octobre 2024, un scrutin controversé.

Si M. Ivanichvili n'occupe officiellement aucun poste au sein de l'État géorgien, il est considéré comme le véritable homme fort du gouvernement depuis des années. Ayant institué une "gouvernance informelle", il choisit les ministres et a donné une orientation prorusse au pays, prenant des mesures hostiles à l'opposition pro-européenne et refusant de sanctionner la Russie pour son invasion de l'Ukraine.