Industrie. La fabrication des machines-outils de bas et moyen de gamme se déplace en Asie

Force du franc et ralentissement de la demande, l’industrie suisse souffre. A la tête de Mikron, Marc Desrayaud explique comment il relève ces défis. Le fabricant neuchâtelois de machines-outils emploie près de 1500 employés en Suisse et dans le monde. Interview.

L’industrie vit des temps difficiles. Comment Mikron s’en sort-il?

Marc Desrayaud: 2024 sera une bonne année car nos carnets de commandes sont bien remplis. Néanmoins, le marché allemand est un sujet de préoccupation car, dans ce pays, notre clientèle ne semble pas avoir confiance dans le futur. On observe le même manque de clarté aux Etats-Unis en raison de l’élection présidentielle. Je suis plus optimiste quant à la Chine grâce au potentiel de la mobilité électrique et de l’industrie médicale.

A plus long terme, je pense que Mikron aura une croissance contrôlée et ciblera sans doute de nouvelles niches, par exemple dans l’aérospatial ou l’énergie. Nous pouvons également croître à l’étranger, notamment au Japon, où les clients partagent nos valeurs, et en Inde, où la croissance dans l’aérospatial et le secteur médical est forte.

Ces perspectives positives ne doivent pas faire oublier que Mikron a été, au début des années 2000, proche du dépôt de bilan.

En effet. Heureusement, pour préserver le secteur industriel suisse, le groupe Ammann est intervenu en 2003 pour sauver notre entreprise. Aujourd’hui, ce groupe est notre actionnaire de référence, détenant presque 50% de Mikron. Depuis ce sauvetage, la stratégie définie avec notre conseil d’administration nous a permis de rester compétitifs et de devenir un leader dans nos niches.