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Économie

Politique monétaire. Inquiète d'une inflation anémique, la BNS sabre son taux directeur

La Banque nationale suisse (BNS) abaisse sensiblement son taux directeur, de 50 points de base, à 0,5% contre 1,0% jusqu'ici.

Martin Schlegel, président de la Banque nationale suisse (BNS), lors de la présentation de la nouvelle politique monétaire. (archive)KEYSTONE/PETER SCHNEIDER

ATS
AWP

ATS et AWP

Aujourd’hui à 11:07, mis à jour à 11:13

Temps de lecture : 2 min

"Avec l'assouplissement de notre politique monétaire décidé aujourd'hui, nous controns la diminution de la pression inflationniste," a exposé le nouveau patron de l'institut d'émission Martin Schlegel dans le discours d'accompagnement de cette décision de politique monétaire.

La pression inflationniste a de nouveau diminué par rapport au trimestre précédent, explique jeudi la BNS dans son communiqué. De 1,1% en août, le renchérissement est passé à 0,7% en novembre, rappellent les banquiers centraux, qui soulignent que le ralentissement est constaté dans les biens et les services. L'inflation reste surtout portée par le renchérissement des services suisses.

La plupart des économistes tablaient sur un coup de rabot à hauteur de 25 points de base.

Grande première

"Martin Schlegel livre un signal clair d'une détermination à combattre une inflation insuffisante à la hauteur de celle de son prédécesseur," analyse Karsten Junius, économiste chez J. Safra Sarasin dans un commentaire. Il s'agit en effet de la première annonce de politique monétaire de la BNS de l'ère Schlegel, qui assume la fonction de président du directoire de la banque centrale helvétique depuis le 1er octobre.

"Cela montre aussi que la BNS considère la tendance à l'appréciation du franc suisse ainsi que ses conséquences comme très risquées," abonde de son côté Philipp Merkt, responsable de l'investissement de PostFinance.

Comme à l'accoutumée, la BNS rappelle être prête à intervenir sur le marché des devises si besoin, afin de garantir de la stabilité monétaire.

Nouvelle atténuation en vue

Le garant de la stabilité des prix modère par ailleurs ses prévisions d'inflation à plus ou moins brève échéance. Le renchérissement doit ralentir à 1,1% (1,2% estimé en septembre) sur l'année qui s'achève, contre encore 2,1% en 2023. Le phénomène doit encore s'atténuer à 0,3% (0,6%) en 2025 avant de rebondir à 0,8% en 2026. Ces projections sont calculées sur la base d'un taux directeur maintenu à 0,50%.

"Sans la baisse de taux décidée aujourd'hui, la prévision serait plus basse," insiste la BNS.

"Nous anticipons de nouveaux éléments déflationnistes pour l'an prochain, tels qu'un allégement des prix de l'énergie ou en abaissement du taux de référence hypothécaire, qui devrait se répercuter sur le niveau des loyers," prévient de son côté Philipp Burckhardt, chez Lombard Odier, stratégiste pour Lombard Odier.

L'abaissement des estimations d'inflation s'explique par un renchérissement moindre qu'escompté des produits pétroliers et des denrées alimentaires.

Sur le front de la croissance, les experts de la BNS campent sur une estimation de l'ordre de 1% pour l'exercice en cours, et modèrent celle pour 2025 entre 1,0 et 1,5% en lieu et place d'environ 1,5% en septembre.