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Économie

Politique monétaire. Il y a 10 ans, le choc de l'abolition du taux plancher

L'abolition du taux de change plancher de l'euro par la Banque nationale suisse (BNS) célèbrera ses dix ans mercredi. Les experts considèrent désormais cette mesure comme positive pour l'économie helvétique, malgré le choc initial qu'elle a provoqué.

L'abolition du taux de change plancher de l'euro par la Banque nationale suisse (BNS) a dix ans. (archive)KEYSTONE/PETER KLAUNZER

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ATS et AWP

14 janvier 2025 à 15:19, mis à jour à 15:28

Temps de lecture : 2 min

Le 15 janvier 2015 à 10h30, la BNS a supprimé le cours minimum de 1,20 franc pour un euro. Cette décision inattendue a provoqué un séisme sur le marché financier suisse et les exportations. Les associations économiques et les syndicats avaient alors réagi sous le choc, mettant en garde contre une récession après la brusque appréciation du franc.

La décision de la BNS a pris les acteurs économiques de court, même si la plupart pressentaient que le cours plancher introduit en 2011 lors de la crise de l'euro (Grexit) serait difficile à défendre. Les milliards de francs d'achats de devises effectués par la banque centrale helvétique les mois précédents avaient en effet été critiqués.

L'appréciation abrupte du franc après l'abolition a notamment freiné les entreprises industrielles orientées vers l'exportation en 2015 et 2016. Dans l'industrie des machines, de la métallurgie et de l'électronique, des milliers d'emplois ont souffert du "choc du franc", du moins temporairement, selon les économistes.

Cependant, la conjoncture suisse s'est montrée robuste, profitant de la structure diversifiée de son industrie. La pharmaceutique par exemple, qui dépend relativement peu du taux de change en raison de ses produits uniques, a été moins touchée.

Sage décision

"Dix ans après, le monde ne s'est pas effondré", déclare Karsten Junius, économiste en chef pour Safra Sarasin. Contre toute attente, le choc du taux de change n'a pas non plus catapulté la Suisse dans une récession. Après un trimestre d'évolution négative du produit intérieur brut (PIB), le pays a fait preuve d'adaptation en renouant avec la croissance.

Selon Daniel Kalt, économiste en chef du géant bancaire UBS, les entreprises suisses se sont montrées flexibles. De nombreuses sociétés ont dû supporter des pertes pendant des trimestres, voire des années, mais avec le temps, elles ont mieux appris à gérer les fluctuations monétaires. Aussi, les répercussions sur le marché du travail ont été bien moindres que redoutées.

"La décision de la BNS était judicieuse", ajoute M. Junius. Sous la direction de son président de l'époque, Thomas Jordan, l'institut d'émission a eu raison d'agir avant que sa consoeur européenne, la BCE, ne commence à acheter des obligations. "A ce moment-là, il était clair que le taux plancher ne pouvait plus être maintenu. Une sortie plus tardive aurait coûté beaucoup plus cher."

L'économiste en chef de Raiffeisen Suisse, Fredy Hasenmeile, est du même avis. "L'abolition du taux de change minimum a été une mesure très courageuse et correcte. Le bilan parle de lui-même. (...) Un regard sur l'Allemagne montre ce qui se passe lorsqu'une économie n'est plus sollicitée par une monnaie faible."