Des envies à la réalité

Ces histoires sont des «séquences» extraites des rencontres que l’Education familiale organise dans le canton; elles traitent des compétences éducatives des parents.

«Il crie, il tape, il n’obéit pas; avec sa voiture il a percuté l’armoire et passé sur les doigts de sa petite sœur; il l’a fait exprès et semble s’en réjouir.» La mère de Loan, 3 ans, voudrait interrompre le téléphone au bout de 2 minutes. Son fils crie qu’il veut jouer avec elle. Voilà une situation concrète qui permet d’exercer et de stimuler l’autonomie tout en posant des limites. «Je suis au téléphone, je suis occupée.» Cette mère se rend compte que répondre à toutes les envies de Loan n’est pas une piste éducative constructive. Loan est assis au milieu de ses jeux et crie de plus en plus fort. Sa mère s’éloigne pour poursuivre sa conversation. Elle fait ce travail essentiel de parent: montrer à son fils que l’autre existe et doit être respecté. Loan s’est glissé sur les genoux de sa mère et réclame des câlins. Sa mère s’efforce de rester calme et lui redit clairement: «Je suis occupée.»

Envies et réalité sont en compétition. Qui l’emporte? Aux parents et à l’entourage d’y réfléchir: le lien entre soi et les autres s’apprend et se construit. Loan bouscule sa sœur. Sa mère l’oblige à retourner sur ses pas et à faire un virage autour de Lea.

L’apprentissage de la réalité ne se fait pas de manière naturelle, il nécessite obligatoirement l’action de l’adulte. C’est la raison pour laquelle cette mère doit être la représentante du réel, avec des gestes et peu de mots. Les parents de jeunes enfants – très attentifs aux envies de leur progéniture – ont tout avantage à se poser aussi ces questions: comment l’enfant respecte-t-il son entourage? Qu’est-ce qu’il fait pour les autres? Et cela dès son plus jeune âge.

Plusieurs études mettent en évidence que les élèves dont la motivation scolaire progresse sont ceux qui en particulier ont une grande tolérance à la frustration et à l’effort, acceptent les interdits et le fait que les adultes ont des droits, ce qui leur donne envie de grandir pour les avoir eux aussi un jour. Les crises de colère des tout-petits sont les signes d’une opposition qu’il faut savoir gérer et contrer pour la dépasser. Pour les Inuits, colère se dit «comportement d’enfant». Eduquer c’est aussi parler des interdits et des émotions, de la réalité et de ce que l’on ressent, mais aussi de ce que l’on attend de l’autre. L’enfant inéduqué développe un ego énorme et risque de devenir un adulte tyran, sans véritable sentiment et considération pour l’autre. I

équipe de l’éducation familiale,

Fribourg

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