France. Les autorités redoutent des centaines de morts à Mayotte, ravagé
Plusieurs centaines, voire des milliers de morts à Mayotte: le bilan humain du cyclone tropical Chido s'annonce très lourd dans le petit archipel de l'océan Indien, le département le plus pauvre de France, où les secours ont commencé à arriver dimanche.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 14:39, mis à jour à 18:32
"Je pense qu'il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers" de morts au vu de la "violence" du cyclone, a déclaré le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville sur la chaîne publique Mayotte la 1ère.
Mais il sera "très difficile d'avoir un bilan final" étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans l'archipel, veut que les personnes soient enterrées "dans les 24 heures", a précisé le représentant de l'Etat.
Têtes de proue d'un pont aérien et maritime organisé depuis l'île de La Réunion, territoire français distant de 1.400 km à vol d'oiseau, deux premiers avions transportant du matériel de secours et des personnels médicaux ont atterri à Mayotte dans la journée de dimanche.
Avec des rafales de vent observées à plus de 220 km/h, le cyclone Chido, le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans, a semé la dévastation.
"L'hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n'a rien épargné sur son passage", a décrit à l'AFP le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila.
Routes impraticables
Les cases ont été anéanties, les toits de tôle ondulée se sont envolés, des poteaux électriques sont tombés à terre, des arbres et bambous ont été brisés... La plupart des routes sont impraticables, les communications extrêmement difficiles.
L'habitat précaire, qui concerne environ un tiers de la population de l'archipel estimée à 320'000 habitants, est "entièrement détruit" et de nombreuses installations de service public ont été détruites ou endommagées, obligeant les autorités à fonctionner dans des conditions dégradées, selon le ministère de l'Intérieur.
Ibrahim, un habitant de Mayotte joint par l'AFP, a tenté de rejoindre l'ouest de l'île principale dimanche matin en déblayant les axes au fur et à mesure dans "un décor apocalyptique". "Seules quelques maisons en dur ont tenu. Il ne reste rien des bidonvilles", a-t-il rapporté.
Nombre d'immigrés sans papiers habitant les bidonvilles n'avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture, "en pensant que ce serait un piège qu'on leur tendait (...) pour les ramasser et les conduire hors des frontières", a expliqué à l'AFP Ousseni Balahachi, infirmier à la retraite et secrétaire départemental CFDT.
"Ces gens-là sont restés jusqu'à la dernière minute. Quand ils ont vu l'intensité du phénomène ils ont commencé à paniquer, à chercher où se réfugier. Mais c'était déjà trop tard, les tôles commençaient à s'envoler", a-t-il regretté.
Le pape solidaire
La population était dimanche en état de sidération, privée d'eau et d'électricité, a fait valoir à l'AFP une source proche des autorités.
En visite en Corse dimanche, le pape François a dit soutenir "par l'esprit" les victimes de cette "tragédie", à l'issue de la prière de l'Angélus à la cathédrale d'Ajaccio.
La députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) a appelé sur X l'Etat à déclarer l'état d'urgence pour "protéger personnes et biens".
L'alerte cyclonique a été abaissée de rouge à orange dimanche en fin d'après-midi à Mayotte. Poursuivant sa course, le cyclone Chido a frappé le nord du Mozambique dimanche matin. Seuls des dégâts mineurs ont été recensés dans les îles des Comores voisines, sans faire de mort.