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Scènes

Théâtre. Julien Pochon, artiste de la digression

Le comédien joue Homo Barbecus, la presque conférence à partir de mercredi prochain à Nuithonie, un solo théâtral mâtiné d’humour.

Le comédien Julien Pochon se demande si la viande cuite a participé au développement de l’intelligence humaine… © Charly Rappo

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

14 février 2024 à 02:05

Temps de lecture : 1 min

Des effluves de protéines grillées vous mettent l’eau à la bouche, vous pensez spontanément aux clichés de genres (à l’homme, le feu, la pince et les steaks?), ou vous vous inquiétez de la surface agricole nécessaire pour produire de la viande… Mais que vient faire là ce latinisme scientifique? C’est un peu tout ça, en vrac, que Julien Pochon suscite dans son nouveau seul-en-scène, Homo Barbecus, qu’il a sous-titré La presque conférence. Mais pas seulement. Il a eu envie de mettre un bout de lui, de son parcours, de son humour, dans cette création, à voir dès mercredi prochain à Nuithonie.

Valaisan et Allemand d’origine, Julien Pochon se sent Gruérien dans l’âme. Il vit à Bulle avec sa famille. C’est au cycle d’orientation qu’il découvre le théâtre. Il suit une première formation commerciale avant d’apprendre le jeu scénique «à Paris, l’eldorado à l’époque», mais prendra des chemins de traverse pour renouer à intervalles réguliers avec les planches. Depuis vingt ans, raconte-t-il, il réalise des fouilles sur des chantiers archéologiques dans le canton. Au théâtre, il a notamment été le narrateur de La Grande Parade, album illustré doublé d’un spectacle créé autour du quatuor de saxophones Alsibana, il a mis en scène Ubu Roi au Bicubic de Romont, ou a imaginé Les Chaussettes, pièce adaptée à la formule du Midi théâtre.

Apprivoiser le hasard

Le genre de la conférence théâtrale a fait ses preuves: le comédien Pierre Mifsud tourne depuis plus de dix ans le cycle des Conférences de choses. Le metteur en scène François Gremaud a aussi illustré la forme dans le solo écologique Auréliens, entre autres. Quant au solo Phèdre! avec Romain Daroles, il commence comme un cours sur la mythologie avant de s’en écarter complètement: c’est une performance, une prouesse du comédien, qui finit par incarner tous les personnages de Racine. Plus près de nous, Pierre-Do et le violoncelliste Sébastien Bréguet ont réussi à rendre Schubert très rock. Précisément, c’est l’autorisation de digresser qui plaisait à Julien Pochon dans le genre de la «presque» conférence.

Son modèle est Frédéric Ferrer: «J’ai tilté sur ses conférences», sourit le comédien fribourgeois, inspiré par sa manière de jouer avec les limites de cette forme «hybride et stimulante». Frédéric Ferrer accumule lectures et rencontres avec des spécialistes pour documenter ses fictions et les ancrer dans le réel. Julien Pochon souhaite lui aussi creuser ce frottement. Avec de l’humour et le sens de l’absurde.

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