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Musique

Nathalie Froehlich, hyper vénère

La Lausannoise rappe sa rage sur des rythmes techno, hip-hop et reggaeton. Avec deux EP sous le coude, elle monte sur la scène du festival Nopek, à Fribourg. Rencontre.

Inspirée par ses consœurs KT Gorique et La Gale, la rappeuse s’est fait une place par ses performances à couper le souffle. © Marius Mattioni

Roderic Mounir/Le Courrier

Roderic Mounir/Le Courrier

16 février 2024 à 14:05

Temps de lecture : 1 min

C’est la tornade qui déferle sur le rap romand. Des caves obscures aux scènes de Paléo en passant par le festival Nopek de Fribourg samedi prochain, la Lausannoise Nathalie Froehlich fonce à toute allure et, depuis peu, enjambe les frontières pour donner une nouvelle impulsion à sa carrière.

Elle vient de jouer à l’Eurosonic de Groningen, aux Pays-Bas, a dormi trois heures et retombe doucement sur ses pattes. «Je fais la gueule, mais c’était vraiment super.» Euro­sonic, carrefour continental des découvertes, voit en elle un «bulldozer scénique» et salue son mix de techno, reggaeton, hip-hop et autres rythmes qui mettent le feu.

La voilà propulsée dans ­l’antichambre du «biz», avec des perspectives qui se dessinent. «Pour des gens qui viennent de milieux crasseux comme nous, ça change.» Nous, c’est elle et son DJ, deux danseuses et un ingé-son. Une petite bande qui gravite autour de la Sacrée ­Déter, collectif lausannois de musique électronique, d’événements et de soutien aux artistes locaux. Aujourd’hui basé à ­Sévelin, le soundsystem de la Sacrée Déter a commencé par pulser dans les bois et pâturages lors de rave parties sauvages.

Ces fêtes techno à l’esprit hippie-punk ont signé l’épiphanie de Nathalie Froehlich. «A la base, j’ai fait quinze ans de ­piano ­classique et jazz. J’ai aussi eu un groupe rock, mais je n’ai ­jamais su choisir, c’est mon ­défaut.» Une amie l’entraîne dans les bois et c’est l’euphorie. «Il y avait des stands, des scènes avec des scénographies dignes des plus grands festivals, des ­lumières partout dans la forêt, des espaces chill, des ateliers créatifs… Je me suis dit: c’est quoi cette sorcellerie?» La vibration collective et l’initiative do-it-yourself l’enchantent. Rapidement, elle s’implique, sert des verres et monte la sono, intègre un univers «où le social compte autant que la musique».

Faire la fête

On est loin de la peinture désabusée que certains boomers font de la génération Y. A 27 ans, Nathalie Froehlich met une dose de structure et de stratégie dans son chaos freestyle. «Après 100 concerts donnés en deux ans, j’apprends à trier et à dire non pour ne pas gaspiller mon énergie.» Professionnaliser son projet, régulariser les situations, plus question d’abuser du bénévolat. Forte d’un bel écho médiatique, elle sollicite ses premières subventions et s’assure les services d’une agence de booking couvrant la France et la Belgique. «Faire la fête, ça nous parle encore beaucoup», assure celle qui titrait Alcool un morceau de son premier EP, Désillusion, en 2022.

EP qui, comme le suivant, Système, paru la même année, s’en prenait au sexisme, à ­l’homophobie, au racisme, aux ­violences policières. «Aborder ces sujets, en tant que femme et rappeuse, ça coche toutes les cases pour se créer des problèmes», dit en substance Nathalie Froehlich, prise à partie sur les réseaux sociaux. «J’ai reçu des menaces de mort et de viol. Je suis immunisée, mais ça m’inquiète pour les futures ­arrivantes qui s’exposent à la haine dès le premier post.» Pas question de se censurer, pour celle qui déplore le manque de parité sur les scènes mais s’alarme surtout d’une polarisation croissante «entre gauche et extrême droite», cette dernière en pleine ascension dans toute l’Europe et au-delà.

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