Festival. Entre valeurs mûres et stars futures, Paléo dévoile son programme

Il faut dire que les stars patrimoniales du rock mainstream (U2, Muse et autres Rolling Stones) étant devenues impayables, et la tant attendue diva Céline Dion étant encore en rémission malgré sa récente apparition surprise aux Grammy, les artistes capables de tenir une plaine en haleine sans ravager le budget de ce festival à vocation populaire ne sont, en définitive, pas si nombreux.

On aurait mauvais jeu de s’en plaindre, toutefois. Car l’occasion sera belle de revoir l'icône Patti Smith, inoxydable punk rimbaldienne, qui viendra accompagnée de ses musiciens pour l’ouverture des festivités le 23 juillet. Habituée elle aussi, Véronique Sanson viendra interpréter Je me suis tellement manquée pour marquer son retour sur une scène de la variété française que représenteront tout aussi fidèlement les plus ou moins dispensables Christophe Maé, Calogero et Olivia Ruiz.

Quant à IAM, dont le micro d’argent brillera ce samedi déjà à Fri-Son, ils viendront pour la sixième fois prouver (notamment aux émules Booba, Gims, Gazo, PLK, Ziak et on en passe…) que leur légende est à la hauteur de leur inaltérable popularité.

Mais ce serait faire peu honneur à l’inventivité curieuse des programmateurs nyonnais, toujours à l’affût des tendances, que de s’en tenir à cette litanie des invariants. L’an passé, à l’heure d’annoncer la venue de la méconnue Zaho de Sagazan au Club Tent, ils affirmaient à qui voulait bien les croire: «Elle va devenir une très grande chanteuse». Entre-temps, le public des Francomanias de Bulle a pu s’en rendre compte dans l’intimité de la scène du Château, et c’est auréolée de quatre Victoires de la musique raflées le mois passé qu’elle revient à Paléo.

Il vaut donc la peine de s’aventurer entre les attendus (Eddy de Pretto, Mika, Paul Kalkbrenner) pour aller à la découverte de grooves inouïs sur l’Asse: «100 artistes sur les 130 invités se produiront pour la première fois», a rappelé Jacques Monnier. C’est le cas de Nile Rodgers, toujours aussi Chic, mais surtout des continuateurs du disco réunis sous le nom de L’Impératrice, du duo rock britannique Royal Blood, du porte-flambeau de l’afro-fusion Burna Boy, de la sensation valaisanne Nuit incolore ou de plusieurs orchestres et fanfares d’inspiration balkanique réunis pour le vingtième Village du monde, à l’image du duo Shkodra Elektronike.

Comme Paléo doit une partie de son succès à son éclectisme, 75 styles seront représentés cet été, du dancehall à l'électro créole en passant par la sevdah bosniaque. Mais cette 47e édition sera aussi l’occasion de rire avec les deux Vincent pendant un show musical de cinquante-deux minutes ou de découvrir les fascinantes chorégraphies millimétrées du spectacle Murmuration signé Sadeck Berrabah, danseur qui collabore avec Shakira et Jennifer Lopez.

Quant au traditionnel concert classique du dimanche, il vibrera comme à l’opéra avec le grand ténor Roberto Alagna, qui a eu le bon goût d’inviter pour l’occasion la mezzo lausannoise Marina Viotti, passée du métal à l'avant-scène du lyrique.

«Est-ce que cette affiche va surprendre et séduire notre public?» s’est demandé mardi matin le fondateur Daniel Rossellat. La billetterie ouvre le 20 mars, et nul doute à part lui que ce programme susceptible de ne trop déplaire à personne devrait, comme de coutume, attirer les foules.