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Culture

Fenêtre sur jardin

En une trentaine d’œuvres contemporaines, la biennale genevoise Sculpture Garden a l’art d’interroger notre rapport à l’espace. Visite


 Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

25 juillet 2020 à 04:01

Exposition » Depuis la terrasse du restaurant surplombant le parc des Eaux-Vives, la vue est somptueuse: au premier plan, un magnifique havre de paix, boisé et verdoyant, donnant sur le quai Gustave-Ador et sa promenade longeant la pointe du lac Léman. Sur l’autre rive, en face, un autre parc: celui de la Perle du lac, dominé par quelques collines coiffées par les édifices des organisations internationales, aux arêtes bien marquées. En arrière-fond, même la ligne du Jura se découpe distinctement par temps clair…

Le tableau est connu, mais avec sa trentaine d’œuvres d’art contemporain disposées en divers lieux, la biennale Sculpture Garden invite à renouveler le regard que nous portons sur l’environnement. La seconde édition de cette manifestation culturelle se déroule jusqu’au 30 septembre, au cœur de la ville. «Notre principal objectif est de mettre des œuvres à la portée de tout le monde, dans l’espace public. Nous avons voulu créer un parcours estival, aussi à vocation touristique», commente Thomas Hug, initiateur de l’événement.

Cette biennale en plein air reste unique en son genre en Suisse romande. Sa vocation? «Rester non commerciale, et dans cet entre-deux: une manifestation ni très populaire, ni trop haut de gamme. Dans ce parc, la disposition est parfaite, les œuvres sont assez dispersées les unes par rapport aux autres, cela donne cette respiration…» Elle est unique, aussi «parce que la majorité des autres biennales ont annulé cette année», ajoute Thomas Hug, par ailleurs responsable d’artgenève, structure spécialisée dans les salons consacrés aux arts contemporain et moderne, organisatrice de Sculpture Garden en collaboration avec le Mamco et la ville de Genève.

Mais quittons maintenant l’agréable terrasse: Thomas Hug nous emmène pour une visite commentée, entre plates-bandes fleuries et séquoias géants. Et souligne les nouveautés depuis l’édition de 2018. «La principale différence, c’est celle qui a été amenée par le commissaire d’exposition que nous avons choisi: Balthazar Lovay (directeur artistique de Fri Art entre 2013 et 2019). Il a apporté son regard, sa fraîcheur, a choisi d’exposer des artistes en dirigeant de nouvelles productions dans le sens de ce qu’il voulait faire, et non pas des œuvres déjà présentes dans des galeries. Avec cette nouvelle identité, le fil conducteur est évident.»

Gourmand pour l’insolite

Ce fil conducteur se lit d’abord sur le programme. L’exposition entend défricher «de nouveaux territoires», mais encore «faire honneur à des productions originales et inédites, des créations de jeunes artistes ainsi qu’à des œuvres hybrides entre design, architecture et art». Thomas Hug résume en d’autres mots: ces œuvres exposées font aussi preuve «d’humilité» face à la beauté des éléments naturels. On sent chez cet expert l’envie de partager une certaine gourmandise pour l’insolite. Il nous dirige aussitôt vers des réalisations qui interpellent de façon inattendue notre rapport à l’espace, au vivant, au patrimoine.

Par exemple, au milieu du parc surgissent trois blocs de pierre massifs, veinés de rose et de blanc. Ils présentent sur un de leurs versants une face sculptée et bien polie. Voici les œuvres du duo d’artistes français Daniel Dewar & Grégory Gicquel. Elles rappellent avec humour au visiteur la proximité du lac. De ces blocs émergent une paire de jambes, un coquillage… ici, une palme, comme fossilisée; là, un système intestinal, un robinet, un bidet… Etrange dialogue calcaire et aquatique, que l’on pourrait tenter de déchiffrer à la manière d’un rébus. Il interroge nos usages et modes de consommation.

Facettes à explorer

Cet été si particulier ajoute une autre dimension à l’événement. Guides papier, programme de médiation et diverses animations permettront aussi de saisir toutes les subtilités de l’exposition. «Il y a un côté participatif dans toutes ces œuvres», se réjouit Thomas Hug, avec un petit sourire. Les enfants l’ont bien compris: en différents endroits du parc, on les verra explorer toutes les facettes de chaque sculpture, pour en tirer le maximum.

Jusqu’au 30 sept., parc des Eaux-Vives, parc La Grange et quai Gustave-Ador. Genève. www.sculpturegarden.ch

FensterJulien Gremaud

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