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Écrans

«La Nuit du 12». un thriller désespéré

Dominik Moll signe un polar d’une rare densité, une enquête funèbre qui vous hante bien après la séance

Bastien Bouillon et Bouli Lanners, un incroyable duo d’enquêteurs embourbés dans une sale affaire.

 Olivier Wyser

Olivier Wyser

12 juillet 2022 à 14:56

Temps de lecture : 1 min

La Nuit du 12 » On raconte «qu’à la police judiciaire, chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante». Pour Yohan (Bastien Bouillon), c’est le meurtre de Clara, une jeune femme retrouvée brûlée vive dans une station de la vallée de la Maurienne, au-dessus de Grenoble. Les interrogatoires se succèdent et les suspects défilent… Mais la seule certitude est que le crime a eu lieu la nuit du 12.

Après le très bon Seules les bêtes (2019), Dominik Moll revient avec un thriller désespéré, un polar funeste du genre qui vous obsède encore longtemps après que les lumières se sont rallumées. La Nuit du 12 est à n’en pas douter l’excellente surprise cinématographique de cet été. Un film tendu et ténébreux qui sonde la noirceur de l’âme humaine, adapté du livre 18.3: Une année à la PJ de Pauline Guéna. Interview avec un cinéaste à part dans le paysage hexagonal.

 
 

Comment est née l’envie d’adapter à l’écran le livre de Pauline Guéna avec la complicité de votre scénariste Gilles Marchand?

Dominik Moll: L’idée d’un enquêteur hanté par une affaire non résolue n’est pas révolutionnaire mais le livre m’a happé. Pauline Guéna a passé une année en immersion à la police judiciaire de Versailles, et j’étais très curieux de cette vision de l’intérieur. D’autant plus que c’est écrit par une femme et que la PJ reste un bastion masculin. De toutes les enquêtes racontées dans le livre, c’est cette affaire Clara qui m’a le plus touché. Je voulais explorer comment un crime pouvait toucher intimement un enquêteur.

Dès le début, vous annoncez que le crime n’est pas résolu. Vous n’avez pas peur de dérouter le public?

Cela casse les codes du film policier, c’est certain, mais cela se produit assez fréquemment dans la réalité… Cela permet surtout de regarder ailleurs et de raconter de manière assez documentée le travail de la police. Et puis cette histoire de féminicide examine aussi le rapport difficile entre les femmes et les hommes. Comme le dit un des personnages: «Il y a quelque chose qui cloche». Je n’ai jamais eu peur de frustrer le public. En jouant cartes sur table, on rentre dans l’enquête en s’identifiant aux policiers. Et puis le film ne manque pas de suspects.

Le rapport hommes-femmes est le fil rouge. Où voulez-vous en venir?

C’est clairement quelque chose qui est dans l’air du temps, avec le mouvement MeToo par exemple. Avec mon scéna riste, Gilles Marchand, nous essayons d’être à l’écoute de notre époque et d’alimenter la réflexion. Le film n’est pas un manifeste mais plus un questionnement sur la masculinité et la criminalité tout en tentant de démonter certains raccourcis.

Pourquoi avoir situé votre film à la montagne, notamment dans la petite ville de Saint-Jean-de-Maurienne?

Cela résonnait bien avec le sujet. Les montagnes ont à la fois quelque chose de majestueux et d’oppressant. La géographie ramène à l’idée que les policiers piétinent sur une affaire à l’horizon bouché. Saint-Jean est de plus l’opposé absolu d’une ville idyllique. Il y a des barres d’immeubles, une grosse usine d’aluminium. C’est une représentation miniature du monde.

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