L’école, ce champ de bataille

Un Monde » Enfants petits, petits soucis. Jamais la «sagesse populaire» n’aura été à ce point à côté de la plaque. Les problèmes que rencontrent les enfants dans la cour de l’école – souvent le premier champ de bataille de la vie – n’ont rien d’anodin. A leur échelle, les écoliers vivent les mêmes injustices et la même violence sociale que leurs aînés. Un Monde dessine donc cet univers miniature, souvent idéalisé par des adultes nostalgiques d’une enfance rêvée. Et qui porte déjà en lui les conflits de la société.

Le film s’ouvre sur le premier jour d’école primaire de Nora. Une petite fille timide qui ne sait pas encore lacer ses baskets. Paumée dans cette cour agitée et bruyante, elle cherche du réconfort auprès de son grand frère Abel. Mais la petite fille va rapidement se rendre compte que son frère a ses propres ennuis à gérer. Il est en effet victime de harcèlement scolaire de la part de plusieurs garçons plus âgés qui lui font vire l’enfer au quotidien. Nora est ainsi tiraillée entre l’envie d’aider Abel – qui lui demande de ne rien dire «pour ne pas empirer les choses» – et son propre besoin d’intégration dans une bande de filles pas forcément plus accueillante.

Une réalité étouffante

La réalisatrice belge Laura Wendel signe avec Un Monde un premier film radical et implacable qui ne laissera personne indifférent. Caméra au poing, la cinéaste accompagne Nora en une succession de plans serrés qui laissent les adultes dans le flou du décor. La violence banale de la cour d’école est décrite de manière authentique: enfantine mais terrifiante. En immersion totale, le spectateur retient son souffle pendant près d’une heure et quart. Une expérience de cinéma éprouvante au parfum amer de vérité.