Le jeu de l’amour et du cafard
Entre séduction et déprime urbaine, Jacques Audiard signe une comédie romantique de son temps
Partager
Olivier Wyser
2 novembre 2021 à 18:13
Les Olympiades » Emilie (Lucie Zhang) est une petite punk de l’amour; la jeune femme, insolente et gouailleuse, vivote grâce à un emploi dans un centre d’appels. Elle loue une chambre de son appartement du XIIIe arrondissement de Paris à Camille (Makita Samba), un jeune professeur de lycée sûr de son charme. Sans être amoureux, ils cèdent volontiers à l’attirance physique qui s’impose à eux. L’équilibre chancelant de ce couple improbable va définitivement basculer lorsque Nora (Noémie Merlant) et Amber (Jehnny Beth) entrent à leur tour dans la danse chaotique du polyamour.
De manière inattendue, Jacques Audiard (Un Prophète, Les Frères Sisters, Dheepan) revient avec une comédie romantique mettant en scène les amours de notre temps, écrite avec la complicité de Céline Sciamma et Léa Mysius, deux figures féminines importantes de la relève du cinéma hexagonal. Avec un très beau noir et blanc qui magnifie à la fois l’architecture urbaine et les peaux qui se mêlent, le cinéaste signe un conte moderne sur la quête d’amour et la solitude. Un film étonnant, tendre et brut – mais aussi instructif – sur les mœurs amoureuses du XXIe siècle.
Quelle surprise! On ne vous attendait pas aux commandes d’une comédie romantique…
Jacques Audiard: J’avais depuis longtemps envie de raconter une histoire autour du discours amoureux. J’avais en mémoire Ma nuit chez Maud d’Eric Rohmer, un film qui m’a marqué. J’avais vraiment envie de faire un film sur des adultes qui se séduisent.
Le film adapte la série de romans graphiques Les Intrus de l’Américain Adrian Tomine, un auteur au ton particulier. Qu’est-ce qui vous a plu chez lui?
J’ai tout de suite été charmé par cette population de jeunes adultes un peu flottants. Cela complétait parfaitement mon envie de film sur l’amour aujourd’hui. En France, on ne connaît pas très bien Adrian Tomine, mais aux Etats-Unis c’est une célébrité. Les Intrus est un recueil de six histoires qui se passent à New York.
Pourquoi avoir choisi de situer votre long-métrage dans le quartier des Olympiades, à Paris?
J’ai beaucoup filmé Paris mais j’ai toujours eu une espèce d’insatisfaction. Paris est une ville difficile à filmer car on est tout de suite parasité par son histoire, son romantisme, sa perspective hausmannienne qui devient rapidement muséale. Je voulais me dégager de cela. J’ai vécu dans le XIIIe arrondissement et c’est un lieu à part, en marge. C’est un quartier que l’on appelle aussi parfois Chinatown en raison de la présence de nombreux immigrés chinois. Ces dix dernières années, il s’est diversifié et c’est devenu un lieu très contemporain.
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus