Chronique. Ici, votre argent n’a plus de valeur

C’est écrit sur de petites affichettes dans ce café où il m’arrive de m’égarer: «Cashless depuis le 1^er août.» J’en suis resté pantois et, instinctivement, j’ai vérifié que j’avais bien une carte sur moi. Gamin, ma main fouillait ma poche pour m’assurer à tâtons que j’avais assez pour un Sinalco. Je me rappelle du plaisir de sentir une thune sous mes doigts. «Tu dois toujours avoir cinq francs sur toi», m’avait dit ma grand-mère pour qui le matelas était bien plus sûr qu’une banque, «sans quoi on peut t’arrêter pour vagabondage».