Chine. Chine: le budget de la défense en hausse de 7,2% pour 2025
La Chine a annoncé mercredi que son budget militaire, le deuxième le plus important au monde, augmentera de 7,2% en 2025, soit le même taux que l'an dernier. Selon des experts, il reste cependant modéré malgré la rivalité géopolitique avec les Etats-Unis.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 03:17, mis à jour à 05:42
Ce taux a été publié à l'ouverture de la session parlementaire annuelle qui réunit à Pékin des milliers de délégués. Pékin prévoit de dépenser 1784,7 milliards de yuans (218,9 milliards de francs) pour sa défense, environ trois fois moins que Washington.
L'annonce survient au moment où les Européens envisagent d'augmenter fortement leurs budgets militaires face au désengagement américain sur le continent européen.
La Chine affirme avoir une politique militaire "défensive" et vouloir uniquement préserver sa souveraineté, ce qui implique toutefois la conquête potentielle de zones considérées comme territoire national. C'est le cas de Taïwan, d'une grande partie des îlots de mer de Chine méridionale, où Pékin s'oppose aux Philippines avec plusieurs incidents durant l'année écoulée et des îles Senkaku, contrôlées par le Japon.
"Raisonnable"
Pour justifier la hausse de ses dépenses militaires, la Chine souligne le besoin d'améliorer les conditions de vie des soldats, de mener des exercices ou d'avoir de meilleurs équipements.
"Les dépenses sont axées sur les mises à niveau technologiques, la restructuration des forces, l'expansion des capacités navales et aérospatiales" ou "la dissuasion nucléaire", souligne Adam Ni, analyste australien et auteur de la newsletter China Neican.
La Chine doit aussi, par exemple, financer l'envoi quotidien d'avions militaires autour de Taïwan, destiné à mettre la pression sur les autorités insulaires.
Au niveau mondial, les Etats-Unis sont le pays ayant les dépenses militaires les plus élevées, avec 916 milliards de dollars en 2023, devant la Chine (296), selon l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Suivaient la Russie (109), l'Inde (83,6), l'Arabie saoudite (75,8), le Royaume-Uni (74,9), l'Allemagne (67), l'Ukraine (66,8) et la France (61,3).
En hausse constante
Régulièrement suspecté par des analystes étrangers d'être plus élevé qu'annoncé, le budget militaire chinois augmente depuis plusieurs décennies, au fil du développement économique. Longtemps à deux chiffres, la hausse se situe sous 10% depuis 2016.
Elle reste "raisonnable, d'autant que les Européens augmentent aussi leurs dépenses avec l'invasion russe de l'Ukraine et les menaces sur la sécurité européenne", affirme Niklas Swanström, directeur de l'Institute for Security and Development Policy (ISDP), organisme de recherche basé à Stockholm.
La Chine est "une puissance politique et économique croissante qui a besoin de défendre ses intérêts" et "avec l'augmentation des tensions géopolitiques" sino-américaines, en mer de Chine méridionale et autour de Taïwan, Pékin "ne peut ralentir ses dépenses militaires", note-t-il.
Ramenées au poids économique de la Chine, ces dernières restent modérées. En 2023, elles représentaient 1,67% de son PIB, selon le SIPRI, loin derrière la Russie (5,86%), les Etats-Unis (3,36%) ou la France (2,06%).
Derrière Washington
"Si le budget chinois de la défense augmente en valeur absolue, il représente environ 5% des dépenses publiques totales, bien moins qu'Etats-Unis (9%) et Russie (plus de 30%)", note Adam Ni, ce qui suggère que la Chine "ne consacre pas de ressources nationales excessives à sa militarisation".
"Cela dit, il est compréhensible que certains Etats, notamment ceux ayant des différends avec Pékin, s'inquiètent de la manière dont la Chine pourrait utiliser son armée [...] pour promouvoir ses objectifs internationaux".
En matière d'armements, la Chine s'est "considérablement améliorée, mais reste derrière l'armée américaine à plusieurs égards, notamment sur la possession de son propre bombardier stratégique furtif", encore au développement, note James Char, professeur à l'université de technologie de Nanyang (Singapour).
Pékin ne dispose que d'une base militaire à l'étranger (à Djibouti), quand Washington en compte des centaines. Les Etats-Unis ont "une armée conçue pour mener des opérations à l'étranger et avoir une influence planétaire", note Adam Ni, mais la Chine vise "en priorité à être une puissance militaire régionale".