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Religions

Bouddha détrône les nains de jardin

Les décorations d’inspiration bouddhiste ont envahi nos espaces de vie, sans lien réel avec la religion

Dans le monde de la mode et de la déco, l’objet de vénération est pris pour son potentiel esthétique, avec un «petit supplément d’âme».

 Anne-Sylvie Sprenger, Protestinfo

Anne-Sylvie Sprenger, Protestinfo

13 août 2022 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Mode et religions (3) » De la robe au hijab, du bouddha de salon à la croix tatouée, les références à la religion sont omniprésentes dans la mode. Une série d’été qui montre combien les créateurs brodent sur le monde spirituel.

«Les nains de jardin ont disparu au profit du Bouddha», assène tout-de-go l’anthropologue française Marion Dapsance, auteure de Qu’ont-ils fait du bouddhisme? (Ed. Bayard), pour décrire la tendance qui s’est emparé de nos espaces de vie. Que cela soit dans les magasins de décoration ou de jardinage, les figures du Bouddha trônent en effet, depuis quelques années déjà, en maître absolu – accompagnées tantôt de leurs jardins zen ou autres images à vocation relaxante.

Mais que s’est-il donc passé pour que ces références religieuses se soient démocratisées au point de ne devenir qu’une tendance déco de plus? Car pour l’anthropologue, ce que l’on considère souvent comme une «simple philosophie», le bouddhisme, se rapproche davantage du champ religieux. «Si on définit la religion comme voie de salut – soit une voie de sortie des souffrances liées à notre condition humaine avec des pratiques rituelles – alors le bouddhisme est bien une religion», affirme-t-elle.

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De son côté, Elizabeth Fischer, professeure au département Design Mode et Bijou à la Haute Ecole d’art et de design (HEAD) à Genève, ne s’étonne aucunement de ce trend: «Dans le système capitaliste de consommation, tout peut être source d’inspiration; et la mode mange à tous les râteliers.» On parle alors d’appropriation culturelle, ce qui n’est pas sans effets: «Quand un élément religieux entre dans le monde de la mode ou de la déco et devient «tendance», on va le détacher de sa source. Tantôt objet de vénération, il va devenir un objet de décoration pris pour son seul potentiel esthétique.»

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