Médias. Beat Jans invite les éditeurs à se défendre comme les paysans
Indispensables en démocratie, les médias doivent défendre leurs intérêts comme le font les milieux paysans, a affirmé jeudi le conseiller fédéral Beat Jans. Commentant les restructurations dans la branche, il a appelé les éditeurs à assumer leurs responsabilités.
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ATS
Aujourd’hui à 13:13, mis à jour à 17:00
«Faites comme l’Union suisse des paysans, qui réclame de l’aide avec assurance et de manière audible, parce que l’agriculture est importante pour l’approvisionnement du pays. Vous avez la même importance», a lancé le ministre dans un message vidéo lors de la traditionnelle réunion de l’Epiphanie à Zurich, organisée par l’association des éditeurs alémaniques Schweizer Medien (VSM).
«Notre démocratie a besoin de vous», a souligné le chef du Département fédéral de justice et police (DFJP), espérant que les éditeurs étaient conscients de cette responsabilité à l’heure d’annoncer leurs mesures d’économie dans les rédactions.
«Un bon journalisme coûte cher»
Le Bâlois a aussi averti «que les objectifs de profit ne peuvent pas être le seul but», alors qu’une telle critique a été adressée en particulier au groupe Tamedia l’année dernière, après une nouvelle restructuration de ses titres. «Le journalisme va au-delà des gains matériels», a-t-il dit.
«Un bon journalisme coûte cher», a insisté le conseiller fédéral, lançant un appel aux éditeurs: «défendez le journalisme sérieux, basé sur des faits, qui mise sur la pertinence et non pas surtout sur le sensationnel et la polémique».
En matière d’aide à la presse, Beat Jans s’est arrêté sur le dossier du droit voisin, une norme comparable au droit d’auteur qui permettrait aux éditeurs de réclamer de l’argent aux plateformes comme Google ou Facebook pour l’utilisation de leurs contenus.
Une telle indemnisation amènera un «bol d’air et un peu de temps» au secteur, mais ne résoudra pas à lui seul tous les problèmes, a souligné M. Jans. Il a remarqué que le droit voisin a été en général salué en consultation, mais qu’il y avait aussi des oppositions. Le Conseil fédéral est cependant convaincu de la nécessité d’une telle norme. Il présentera un message d’ici l’été, a précisé le ministre.
Beat Jans s’est montré réservé sur la possibilité de réclamer, dans ce même cadre, des indemnisations également aux géants de l’Intelligence artificielle (IA) comme ChatGPT, qui exploitent largement les contenus journalistiques pour alimenter leurs réponses. «Il faut faire attention à ne pas trop charger le bateau», a-t-il mis en garde.
Appel à un «contre-mouvement»
La discussion sur l’IA doit cependant être menée «de manière intensive», a souligné Beat Jans. Le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral des télécommunications (DETEC) d’effectuer un état des lieux de la réglementation en Suisse. Le gouvernement livrera prochainement de «premières indications» en la matière.
Le ministre a critiqué la décision de géants de l’internet comme X ou Facebook de supprimer la fonction de vérification des faits sur leurs plateformes. Mais il a estimé que c’était là une chance pour le journalisme: «Si la big tech ne veut plus trier le vrai du faux, vous les médias entrez alors en jeu», a souligné Beat Jans, appelant de ses vœux «un contre-mouvement» face au déferlement de «fake news».