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Suisse

La mer en point de mire

La Suisse devrait rouvrir ses frontières avec la France, l’Allemagne et l’Autriche dès le 15 juin


 Philippe Castella

Philippe Castella

14 mai 2020 à 04:01

Douanes » La mer cet été, un doux rêve au vu de la crise sanitaire qui sévit? Plus vraiment! La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a annoncé hier une réouverture des frontières pour le 15 juin. Les amateurs de paella ou de spaghetti alle vongole devront toutefois se rabattre sur la bouillabaisse. Seules les frontières avec la France, l’Allemagne et l’Autriche devraient en effet être rouvertes, pas celle avec l’Italie ni celle entre la France et l’Espagne.

Le conditionnel reste toutefois de rigueur. Ce n’est là encore qu’une intention des gouvernements respectifs de ces pays. La décision formelle dépendra encore de l’évolution de l’épidémie ces prochaines semaines.

«La date du 15 juin a été fixée par la France», a reconnu la ministre de Justice et police. Avant de préciser que des discussions avaient eu lieu pour une réouverture plus tôt des frontières avec l’Autriche, mais qu’elles avaient été abandonnées au profit d’une opération coordonnée entre les quatre pays.

L’Italie, ça attendra

Et pourquoi la Botte est-elle exclue de l’opération? «Mon département a aussi eu des discussions avec l’Italie», a expliqué Karin Keller-Sutter. «Elle n’est pas concernée par cette première étape parce que la situation sanitaire y est bien différente. La circulation à l’intérieur du pays est d’ailleurs encore fortement restreinte.» Conséquence: «Il n’est pas possible de donner une date pour la réouverture des frontières avec l’Italie», admet la Saint-Galloise.

Mais l’étape du 15 juin devrait être suivie par d’autres, avec en priorité la réouverture des frontières à l’intérieur de l’espace Schengen. «Il y a des discussions en cours à ce sujet», confie la ministre. Et du coup, la perspective de troquer son pastis contre un ouzo à siroter sur une île grecque cet été n’est pas totalement à écarter.

Karin Keller-Sutter ne l’encourage pas toutefois: «Je veux lancer un appel aux Suisses, qu’ils restent au pays pour leurs vacances d’été afin de soutenir le tourisme local.» Un tourisme qui va apprécier toutefois l’apport de la clientèle française, allemande et autrichienne (lire ci-dessous).

Assouplissements avant

En attendant une pleine réouverture des frontières le 15 juin, la Suisse devrait assouplir, dans les prochains jours déjà, les critères pour se rendre en Allemagne ou en Autriche, dans sa résidence secondaire, son jardin ou pour y retrouver son partenaire. Une simple autodéclaration sur le modèle français pour les sorties pourrait suffire. Le tourisme d’achat restera proscrit en revanche jusqu’au 15 juin.

Et pour ce qui est d’un assouplissement du passage vers la France avant ce terme, la conseillère fédérale précise en avoir parlé avec son homologue Christophe Castaner: «Le défi est un peu plus grand avec la France, mais nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut trouver des solutions.»

Si les Suisses pourront se rendre librement en France, en Allemagne ou en Autriche dès le 15 juin, ils devront respecter néanmoins les règles sanitaires qui peuvent différer d’un pays à l’autre, celles concernant le port du masque notamment. «Mais déjà aujourd’hui, il n’est pas possible de rouler à 200 km/h sur les autoroutes suisses», contrairement à l’Allemagne, commente-t-elle.

Les voix critiques à cette annonce, c’est à l’UDC qu’il faut les chercher. Ce parti était le premier d’ailleurs à réclamer, en février déjà, une fermeture des frontières.

Ouverture «prématurée»

Pour sa vice-présidente Céline Amaudruz, cette réouverture est «prématurée». Et de mettre en avant le fait que «les études scientifiques sont très claires. Le brassage des populations est un des plus grands facteurs de contamination.» Cela se traduit notamment par le fait que les cantons frontaliers, comme le Tessin, Vaud et Genève ont été les plus touchés par l’épidémie.

Pour la Genevoise, c’est là «une étape de trop qui accroît le risque d’une deuxième vague. Et si on se loupe maintenant, on court au devant d’une deuxième catastrophe sanitaire et économique.» Elle préférerait qu’on se concentre sur la réouverture des restaurants et des commerces, ainsi que sur le redémarrage de l’économie. Ou alors, «il faut s’assurer au minimum que les personnes qui entrent en Suisse ne sont pas porteuses du virus. Il ne s’agit pas d’interdire, mais de contrôler l’entrée dans le pays.»

Et pour les vacances cet été? «J’adore la mer, confesse Céline Amaudruz. Mais j’ai annulé mes vacances et je vais rester en Suisse.» Elle y voit «un devoir de solidarité» avec une économie touristique dévastée et pour éviter une recrudescence de l’épidémie. Sur le ton de l’humour, on pourrait résumer ainsi son message: n’allez pas à la mer pour éviter une deuxième vague!

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