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Soutien aux jeunes Broyards: Structure régionale en suspens

Depuis la résiliation avec Arcades, les jeunes de la Broye fribourgeoise ne bénéficient pas d’un soutien uniforme.

En 2023, l’antenne d’Arcades dans la Broye fribourgeoise a réalisé 33 accompagnements individuels de jeunes. © La Gruyère-photo prétexte
En 2023, l’antenne d’Arcades dans la Broye fribourgeoise a réalisé 33 accompagnements individuels de jeunes. © La Gruyère-photo prétexte

Natasha Hathaway

Publié le 27.06.2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Décrochage, phobie scolaire, difficultés professionnelles ou familiales: autant de problématiques auxquelles certains jeunes entre 15 et 25 ans peuvent être confrontés et pour lesquelles ils ont parfois besoin d’être accompagnés. Néanmoins, aucune structure régionale de soutien n’existe depuis le 31 décembre dernier dans la Broye fribourgeoise et aucun projet concret ne se profile pour 2025. Seule la commune d’Estavayer a mis en place une permanence pour pallier ce manque.

Deux décisions ont conduit à cette situation. D’abord, la résiliation du contrat entre l’Association des communes de la Broye fribourgeoise (Ascobroye) et le programme vaudois Arcades de la Fondation Cherpillod en fin d’année dernière, après seize ans de collaboration. Rappelons que la fondation est active dans l’éducation spécialisée et l’insertion des jeunes. Subventionnée par le canton de Vaud, elle est toujours présente dans la Broye vaudoise où Arcades possède plusieurs antennes. Puis fin mai, le refus des communes de la reprise de cette prestation au 1er janvier 2025 par le Réseau santé social de la Broye fribourgeoise (RSSBF) qui avait été sollicité par Ascobroye.

Maillon manquant

«Lors de l’assemblée des délégués, le projet du RSSBF a été refusé par 3 communes seulement sur 18: Belmont-Broye, Estavayer et Montagny, mais en raison du poids de leurs voix, cela a suffi à faire pencher la balance. C’est très regrettable et je suis très déçu. Le projet est maintenant au point mort et nous n’avons pas de solution globale pour le district pour 2025», indique le président d’Ascobroye et conseiller communal à Belmont-Broye, Pascal Joye.

«Pour l’instant, tout est gelé de notre côté»
Valérie Nicolet

Directrice générale du RSSBF, Valérie Nicolet confirme ces propos. «Pour l’instant, tout est gelé de notre côté. Les délégués de 3 communes majoritaires ont estimé que ce que nous avons présenté n’était pas assez abouti pour poursuivre. En sollicitant l’assemblée, nous cherchions un accord de principe pour continuer le développement du projet sur les 8 mois restants de l’année. Nous avons présenté 3 variantes de budget tenant compte du montant initialement alloué à Arcades ainsi que de la possibilité d’une mise à disposition de locaux dans les communes abritant des cycles d’orientation.»

Pour Pascal Joye, la situation est aujourd’hui inquiétante puisqu’il manque un maillon dans le suivi des jeunes sortant de l’école: «Il faut aller à leur contact dès la sortie de l’école pour les aider. C’est ce qu’on reprochait à Arcades, ils n’étaient pas assez sur le terrain et tenaient seulement une antenne à Estavayer-le-Lac. Nous devons désormais trouver une meilleure alternative qui soit également viable financièrement.» Une séance du comité d’Ascobroye est prévue à la mi-juillet pour tenter de faire avancer ce dossier.

Où vont les jeunes?

En attendant, cette situation crée aussi des disparités entre les communes: si les plus petites se retrouvent démunies pour offrir un soutien à leur jeunesse, les plus grandes comme Estavayer ou Belmont-Broye (lire ci-dessous) s’organisent.

Ainsi, une permanence existe à Estavayer-le-Lac. Elle est financée avec le budget qui était auparavant destiné à Arcades et est aussi ouverte aux résidents d’autres communes. «Nous avons décidé d’assurer une continuité de la prestation pour les jeunes en difficulté dès la fin 2023. Toutes les personnes suivies par Arcades ont eu la possibilité de continuer leur accompagnement ici avec une conseillère en insertion professionnelle engagée à 50%. C’est le cas pour 18 jeunes, 13 résidant sur le territoire d’Estavayer et 5 provenant de communes voisines. Au premier trimestre 2024, 8 demandes ont été reçues», informe le conseiller communal Yves Blanc, en charge de la formation, des sports et de la cohésion sociale.

Des chiffres plutôt bas si on les compare avec le nombre de demandes reçues par Arcades durant le premier trimestre 2024 pour la Broye fribourgeoise. «Nous avons reçu 40 demandes et nous les avons toutes réorientées vers Estavayer. Ces personnes ne savaient pas que la prestation n’existait plus dans le district», souligne Gaetan Aeby, président d’Arcades et syndic d’Avenches. Les chiffres 2023 fournis par le directeur de la Fondation Cherpillod Philippe Delbrouck pour Arcades dans la Broye fribourgeoise sont représentatifs des besoins de soutien puisqu’il y a eu 44 demandes, 33 accompagnements individuels ou encore 200 entretiens. Pour Gaetan Aeby, «c’est regrettable que des jeunes puissent être lésés par l’absence de structure régionale. La décision qu’Ascrobroye a prise l’année dernière était abrupte.»

A la suite du refus des délégués des communes du RSSBF, la commune d’Estavayer a annoncé poursuivre cette prestation en 2025. Elle confirme souhaiter la mise en place d’une solution globale et Yves Blanc note que «si le besoin de grandir ou si d’autres communes devaient confirmer leur intérêt d’offrir cette prestation de manière pérenne à leurs jeunes, via la structure staviacoise, celle-ci pourrait évoluer».

Expertise jeunesse à Belmont-Broye


En l’absence de structure régionale pour le soutien à l’intégration socioprofessionnelle des jeunes dans la Broye fribourgeoise (lire ci-dessus), la commune de Belmont-Broye a mandaté l’association fribourgeoise Reper pour effectuer une expertise jeunesse. Celle-ci consiste à réaliser une analyse de la situation des adolescents et des jeunes adultes au sein de la commune, plus particulièrement pour ceux qui se regroupent dans l’espace public. Il s’agit ensuite de proposer différentes pistes d’interventions possibles. «Notre objectif est de mettre en place une prestation à Belmont-Broye qui compléterait ce que pourrait offrir une structure régionale. Nous estimons important que des éducateurs soient présents sur le terrain», explique Marie-Claire Corminbœuf, conseillère communale en charge des affaires sociales. Les résultats de l’expertise ne sont pas encore connus ni les coûts d’un tel service dans la commune.

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