Vers des play-off à huis clos
Pour autant que le Conseil fédéral donne son feu vert, les séries finales devraient commencer mardi prochain
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Pierre Schouwey
9 mars 2020 à 22:49
Hockey sur glace » Au terme d’une réunion informelle prévue ce mardi matin, les 24 clubs qui composent la ligue nationale devraient normalement s’accorder pour une reprise des compétitions mardi prochain. Des quarts de finale play-off et un tour de classement de National League ainsi que des demi-finales de Swiss League qui se dérouleront vraisemblablement à huis clos, la tendance n’étant pas favorable à un allégement des directives sanitaires édictées par le Conseil fédéral le 28 février et appelées à être mises à jour ce vendredi. «Ce n’est qu’à ce moment-là qu’une décision définitive sera prise», assure Daniel Villard, directeur général du HC Bienne.
Sans une avancée fulgurante de l’épidémie de coronavirus, laquelle pourrait induire des mesures interdisant purement et simplement l’organisation de matches de hockey sur glace, Gottéron se présentera à Zoug dans une semaine tout pile. C’est en tout cas la volonté affichée par le club fribourgeois. «Notre position était claire. Nous voulions repousser le début des play-off au maximum afin de se donner une chance de les jouer devant un public. Pour des raisons juridiques et des questions contractuelles, il n’est par contre pas envisageable de les annuler», explique le directeur général Raphaël Berger.
Plutôt des patinoires vides
A en croire différents médias suisses alémaniques et les acteurs interrogés ce lundi, cet avis est partagé par les autres clubs décisionnaires, qui ont parlementé durant la semaine écoulée par le biais de conférences téléphoniques. De ces discussions confidentielles, il est ressorti la nécessité de terminer la saison. Il en va tout d’abord de la logique sportive. Après avoir bataillé dans un environnement normal durant 48 journées, les acteurs principaux ont pour la plupart manifesté leur envie de ne pas en rester là. Et tant pis pour le traumatisme engendré par les deux matches fantômes de la fin février. Enfin, il y a cette réalité économique qui, après une analyse poussée de chacun des clubs, incite ces derniers à évoluer devant des tribunes vides plutôt que de renoncer à la phase finale du championnat.
«Les droits TV, ce ne sont «que» les 10% de nos revenus»
Raphaël Berger
La calculette a parlé: il y aurait trop d’incertitudes et trop à perdre pour Gottéron et ses acolytes, notamment au niveau des droits TV. Depuis la saison 2017-2018 et le contrat signé avec UPC, chaque pensionnaire de National League perçoit 1,8 million de francs par exercice. Un butin versé jusqu’en 2022 qui serait tôt ou tard raboté en cas d’annulation des play-off décrétée par ses participants. Sachant que 300 matches sur 375 possibles (play-off, tour de classement, play-out et barrage compris) ont déjà eu lieu, une fin de saison prématurée diminuerait de 360’000 francs la part distribuée à chacun. Ceci dans le cas de figure où le diffuseur ferait valoir une hypothétique règle de trois. Il ne s’agit donc que d’une estimation.
Le huis clos, «pas cher»
Au final, peu importe son ampleur: la déduction s’avérerait lourde à encaisser. «Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, nuance Raphaël Berger. Contrairement à ce que certains spécialistes ont annoncé dans les médias, ce n’est pas le problème principal. Les droits TV, ce ne sont «que» le 10% de nos revenus.»
Quid des 90% restants? Ils proviennent de la billetterie, la gastronomie, la vente de produits dérivés et le sponsoring. C’est ce dernier point qui inquiète. En faisant volontairement une croix sur les séries, les clubs s’exposeraient aux doléances de leurs donateurs. Lesquels se sont engagés à verser une prime en cas de qualification pour les play-off. Mais l’annulation des rencontres, et de facto leur non-diffusion à la télévision (absence de visibilité), engendrerait un flou propice à des démarches visant à récupérer tout ou partie du pécule investi.
Ces pertes, potentielles et donc difficilement chiffrables, ont réorienté les clubs sur la voie plus raisonnable du huis clos. Ce d’autant plus qu’une rencontre sans public ne coûte pas bonbon à ses organisateurs, même si chaque institution est confrontée à une réalité différente. «A Bienne, cela correspond à environ 25’000 francs de frais engagés par match», dévoile Daniel Villard. «Certainement un peu moins chez nous», précise son homologue fribourgeois, qui «communiquera de façon plus précise quand les choses seront actées».
Obligés de renoncer de toute façon – à moins d’un retour à la normale – à l’entier du bénéfice lié à la billetterie et à la gastronomie, les clubs espèrent éviter ainsi d’autres pertes autrement plus dommageables. Morale de l’histoire: quitte à ne pas gagner d’argent, autant en perdre le moins possible.
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