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Musique: Mais pourquoi la Britannique Mahalia, relève du R’n’B, a-t-elle un maillot de Gottéron?

La chanteuse sera lundi au Montreux Jazz Festival. Elle avait annoncé l’année dernière la sortie de son album IRL en postant sur Instagram une photo d’elle portant un ancien maillot du club de hockey fribourgeois.

Mahalia a annoncé la sortie de son deuxième album avec une photo d’elle portant un maillot vintage de Gottéron… © DR
Mahalia a annoncé la sortie de son deuxième album avec une photo d’elle portant un maillot vintage de Gottéron… © DR

Tamara Bongard

Publié le 04.07.2024

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Mais pourquoi diable Mahalia, considérée comme la relève du R’n’B britannique, portait-elle un maillot de Gottéron pour annoncer la sortie de son album IRL? Cette photo de la jeune femme arborant d’anciennes couleurs du club postée l’année dernière sur Instagram intriguait sérieusement. L’artiste de 26 ans est-elle une fan des Dragons? Profitera-t-elle de sa venue lundi au Montreux Jazz Festival (lire ci-dessous) pour faire un crochet par la BCF Arena? Nous voulions le lui demander, en espérant qu’elle nous livre son analyse du jeu de l’équipe fribourgeoise.

«Ah c’est un maillot de hockey, je l’ignorais. C’est trop drôle», s’enthousiasme la chanteuse depuis son domicile anglais. «Je l’ai acheté dans un magasin de seconde main ici à Londres. Un autre de mes amours dans la vie est de faire les boutiques et de débusquer des trésors au hasard. Quand il s’agit de mode, j’aime les pièces colorées, j’aime me sentir à l’aise.»

En effet, ce maillot vintage déploie toute une palette chamarrée et est plutôt ample. Quand on lui dit que Gottéron essaie depuis fort longtemps de devenir champion suisse mais que pour l’instant il n’y est pas arrivé, elle lâche un «ohhh» compatissant. Il faut se rendre à l’évidence, on ne peut pas lui demander comment elle remanierait l’équipe pour lui assurer une victoire nationale. On quitte donc la glace pour la chaleur, celle de sa musique entraînant avec elle une déferlante de douceur. Elle est sûrement mue par une flamme intérieure aussi puissante que celle de la créature pyromane chère à nos cœurs fribourgeois.

Débuts à 13 ans

La passion brûlante de Mahalia pour la musique vient de son foyer. Ses parents étaient du milieu et elle a suivi leur voie (ou plutôt leurs voix). A 13 ans, elle composait déjà ses morceaux à la guitare et signait chez un label. En plus d’une décennie, elle a façonné son style, entre R’n’B, néo-soul et hip-hop, elle a publié des titres, elle a été nominée à de prestigieux prix, en a reçu, jusqu’à devenir une figure remarquée de la scène britannique. Elle revient la semaine prochaine sur les bords du Léman où elle a déjà joué en 2018. Avec un supplément d’expérience.

Son deuxième album, IRL, qui signifie In Real Life, est donc sorti l’année dernière. Elle l’a façonné avec trois complices. Pendant deux ans, ils ont joué avec les sons, avec différentes mélodies jusqu’à ce que naissent des chansons. «Cela a pris du temps pour tout mettre ensemble. Après la pandémie, c’était difficile de s’y remettre. Mais c’était un processus agréable», explique au téléphone Mahalia dont l’humeur était au beau fixe après un passage à la salle de sport. «Sur cet album, on entend que je suis plus âgée, que j’ai de nouveaux sujets à explorer. Je suis très fière de cet opus.»

«Sur cet album, on entend que je suis plus âgée, que j’ai de nouveaux sujets à explorer. Je suis très fière de cet opus»
Mahalia

Comment sait-elle qu’une chanson est bonne? «Mince alors, je ne sais pas. Sans aucun doute, je pense que des chansons que j’ai écrites sont bonnes mais parfois je les sors et elles ne parlent pas aux gens. En revanche, d’autres titres dans lesquels je croyais davantage que mon entourage trouvent leur public. C’est une sorte de loterie. Comme la plupart des artistes, je fais des suppositions. Nous aimons penser que notre jugement est bon et que nos créations le sont aussi. J’écris donc simplement de la musique et je souhaite que tout aille pour le mieux», répond-elle. Avec le temps, elle arrive toutefois à percevoir quand une chanson sort du lot. «J’ai davantage confiance en mon écriture. Je comprends vraiment ce que je veux dire et ce que j’essaie de dire», constate-t-elle.

Ce qui est tout à fait admirable est aussi que la jeune femme interprète des chansons d’amour sans tomber dans la mièvrerie. «C’est assez difficile de parler d’amour sans répéter des mots qui ont déjà été dits. Je pense que grâce à la thérapie je comprends les différentes facettes de l’amour et de mes sentiments. Quand j’écris des chansons, j’essaie de le faire exactement comme si je parlais. Quelqu’un qui écoute ma musique pourrait avoir l’impression d’avoir une conversation avec moi. J’ai toujours eu envie de cette proximité», commente Mahalia.

Elle reconnaît que parfois ses mots sont trop intimes. «Mais c’est un sacrifice que je veux faire parce que je ne peux pas imaginer ne pas partager ma vie, mon amour, mes pertes… on a toujours pu lire en moi comme dans un livre ouvert. Il me serait difficile de ne pas tout partager à l’excès», confie-t-elle.

La vie normale

Sur la scène montreusienne, les chansons ne s’éloigneront pas trop de leur enregistrement car quand Mahalia va voir des collègues, elle aime retrouver les saveurs connues de ses oreilles. «Les gens aiment venir en concert et chanter les paroles comme chez eux», projette-t-elle. Mais il y aura bien sûr du matériel sonore supplémentaire, des remaniements de morceaux pour leur donner une touche live puisque l’artiste est accompagnée par «le plus incroyable des groupes» selon ses termes.

En revanche, elle n’arrive pas à créer des chansons en tournée. Elle s’y replongera donc après les festivals. Elle travaille en bloc, se concentrant sur une tâche avant de passer à une autre. Pour écrire, il lui faut retourner à la vie normale, vivre des expériences, avoir des disputes avec son petit ami, faire des «choses habituelles pour une fille de 26 ans», résume-t-elle.

Cette manière de fonctionner signifie que ses paroles sont tirées de sa «vraie vie», comme le titre de son album IRL le laissait supposer. «Mais alors que j’ai 26 ans j’écris parfois une chanson sur ce qui m’est arrivé quand j’avais 16 ans. J’aime ce processus. Il y a quelque chose de brillant dans cette réflexion, dans le fait d’être plus âgée, de regarder dans le rétro et d’y penser avec de la distance», dit-elle. Une réflexion avec un potentiel effet miroir auprès des auditeurs. «J’aime penser que les gens qui écoutent ma musique s’y connectent et qu’elle leur rappelle quelque chose qu’ils ont vécu ou qu’ils ont fait.»

Au menu du Montreux Jazz Festival, 500 concerts et activités

La chanteuse suisse Sophie Hunger avec Dino Brandão et Faber sur la scène du lac en 2021. © Keystone

Le Montreux Jazz Festival (MJF) a de nouveau concocté un très large programme gratuit à découvrir du 5 au 20 juillet prochain. Plus de 500 concerts et activités seront proposés sur quinze scènes. Avec comme principal lieu de rendez-vous: la Lake House.

Concerts, DJ sets, jam sessions, workshops, projections, silent discos, pool parties, rencontres littéraires ou encore cours de danse: le MJF ne lésine pas sur le «foisonnement pléthorique» de sa programmation gratuite. Elle représente d’ailleurs plus de 80% de l’offre totale de cette 58e édition, selon un communiqué du MJF.

Presque un festival à elle seule, la Lake House investira pour sa part à nouveau les trois étages du Petit Palais montreusien

«En raison des travaux au Centre de congrès, plusieurs scènes seront relocalisées au gré d’un parcours repensé sur les quais. La programmation des concerts et DJ sets, largement dévolue aux artistes émergents, est composée de 45% de talents suisses et d’une cinquantaine de nationalités différentes», écrivent les responsables.

La Super Bock Stage quitte la pelouse du parc Vernex pour s’installer dans un autre espace vert, le parc Suisse, où résonnera comme chaque été «une musique fédératrice et variée». Le Lisztomania, exploratoire des tendances les plus actuelles, préserve, lui, son identité de club indoor, en trouvant refuge au Mona (nouveau nom de l’Eurotel).

Presque un festival à elle seule, la Lake House investira pour sa part à nouveau les trois étages du Petit Palais montreusien. Une multitude d’expériences attend les mélomanes au gré de ses différentes salles.

The Memphis est le club dédié aux nouvelles tendances du jazz, aux workshops et aux jam sessions. La Coupole est, elle, le lieu de nuit aux couleurs house, funk, disco et urbaines. Le Cinéma est la salle de projection de concerts, films et documentaires, alors que la Bibliothèque regroupe toujours des collections de vinyles et de livres, présentés chaque jour par des invités spéciaux.

Quelques noms à retenir pour les 150 concerts et 260 DJ sets gratuits: Black Coffee, Kenya Grace, Good Neighbours, Maëlle, Joseph Kamel, Dylan Gossett, ELOI, Endea Owens, Darwin, Curses, The Woodgies, Ron Trent ou encore Marcel Dettmann.

Le MJF avait dévoilé mi-avril le programme de sa 58e édition. Parmi les têtes d’affiche attendues sur la Scène du lac et au Casino, Deep Purple, Massive Attack, Duran Duran, Sting, Dionne Warwick ou encore Raye.

>En concert lundi à 20 h 30 au Casino à Montreux.

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