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PSI: vingt ans de protonthérapie pour les enfants en bas âge

Les enfants atteints de cancer profitent tout particulièrement d’une protonthérapie précise. La radiothérapie classique peut en effet provoquer des lésions à long terme avec lesquelles ils devraient composer toute leur vie. © Institut Paul Scherrer PSI/Markus Fischer
Les enfants atteints de cancer profitent tout particulièrement d’une protonthérapie précise. La radiothérapie classique peut en effet provoquer des lésions à long terme avec lesquelles ils devraient composer toute leur vie. © Institut Paul Scherrer PSI/Markus Fischer


Publié le 05.07.2024


Il y a vingt ans, le 5 juillet 2004, un enfant en bas âge était traité pour la première fois sous anesthésie au Centre de protonthérapie de l'Institut Paul Scherrer (PSI). Âgé de 2 ans, il souffrait d’une tumeur des tissus mous logée dans sa cavité orbitaire.

Cette première n’a été possible que grâce à la coopération avec le service d’anesthésie de l’Hôpital universitaire pédiatrique de Zurich. Son personnel spécialisé s’est occupé du petit patient dans les locaux du PSI, à Villigen (AG), veillant à ce qu’il dorme paisiblement pendant la radiothérapie.

Entre 1999 et 2004, le centre de protonthérapie du PSI avait certes déjà traité des enfants et des jeunes cancéreux âgés de plus de sept ans. Mais la percée dans la radiothérapie des plus jeunes n’a eu lieu qu’avec le soutien de l’Hôpital universitaire pédiatrique de Zurich. Dès lors, il fut aussi possible de traiter des enfants en bas âge.

Car contrairement aux adultes, ces derniers ont normalement besoin d’une anesthésie. "Pour une irradiation précise, comme dans le cas de la protonthérapie, la personne ne doit pas bouger pendant le traitement", explique Damien Weber, médecin-chef et directeur du Centre de protonthérapie du PSI, cité vendredi dans un communiqué. Or les enfants en bas âge ont beaucoup de peine à rester immobiles suffisamment longtemps.

Les premiers en Europe

A l’époque, il n’y avait que deux centres de protonthérapie aux Etats-Unis, qui traitaient les jeunes enfants sous anesthésie. Le PSI a donc fait oeuvre de pionnier en Europe. La sédation est dosée de telle sorte que les jeunes patients ne toussent pas ni ne bougent.

Elle est toutefois suffisamment légère pour leur permettre de respirer de manière autonome. L’équipe d’anesthésistes surveille les enfants et leurs fonctions corporelles pendant l’irradiation depuis la pièce voisine.

Comme les photons lors des radiothérapies usuelles, les protons détruisent les cellules cancéreuses. Ces particules sont toutefois dotées d’une masse et d’une charge et leur profondeur de pénétration dans les tissus est très précisément déterminée par la physique. Elles ne perdent que peu d’énergie en traversant le corps et en libèrent la plus grande partie dans leur cible, la tumeur.

Les enfants atteints du cancer profitent tout particulièrement d’une protonthérapie précise, souligne Damien Weber. En effet, chez ces jeunes patients, le risque qu’une radiothérapie provoque des lésions à long terme avec lesquelles ils devront composer toute leur vie est important.

Dans l’ensemble, la moitié des enfants et adolescents traités le sont sous narcose. Le plus jeune avait trois mois: il était né avec un cancer. Chaque année, 60 à 70 enfants et adolescents bénéficient de ce traitement, soit plus de 800 à ce jour.

La majorité souffre de tumeurs au cerveau ou à la colonne vertébrale. Viennent ensuite les sarcomes, c’est-à-dire les cancers touchant les tissus conjonctifs, de soutien ou musculaires. Le PSI traite des enfants venant de toute la Suisse et même de l’étranger.

ats

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