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Il n'y a pas eu d'"écocide" sur l'île de Pâques, tranche une étude

L'île de Pâques, dans le Pacifique Sud, est connue pour ses impressionnants mégalithes à la mystérieuse origine. Elle compte quelque 10'000 habitants, à 60% du peuple Rapa Nui - du nom originel de l'île - de culture polynésienne (archives). © KEYSTONE/AP/ESTEBAN FELIX
L'île de Pâques, dans le Pacifique Sud, est connue pour ses impressionnants mégalithes à la mystérieuse origine. Elle compte quelque 10'000 habitants, à 60% du peuple Rapa Nui - du nom originel de l'île - de culture polynésienne (archives). © KEYSTONE/AP/ESTEBAN FELIX


Publié le 11.09.2024


La population de l'île de Pâques, dans le Pacifique Sud, ne s'est pas effondrée au 17e siècle après un "suicide environnemental" causé par l'homme. C'est la conclusion d'une étude internationale à laquelle ont participé deux chercheuses de l'Université de Lausanne.

Les résultats de la recherche sont publiés mercredi dans la revue Nature. Elle a été menée par une équipe internationale qui comprenait la doctorante Bárbara Sousa da Mota et la professeure associée Anna-Sapfo Malaspinas, de la Faculté de biologie et de médecine de l'Université de Lausanne, indique un communiqué de cette dernière.

Selon une théorie, la population locale de cette île chilienne située à 3700 km des côtes du Chili s'est effondrée dans les années 1600 en raison d'une surpopulation et d'une mauvaise gestion des ressources, avant l'arrivée des colons européens au 18e siècle. Cette situation aurait conduit à une période de famine, de guerre et même de cannibalisme.

"Récit colonial" balayé

Pour tirer les choses au clair, les auteurs ont analysé le génome de quinze Rapanuis, le nom des habitants originels, ayant vécu entre 1670 et 1950, et dont les ossements se trouvent au Musée de l'Homme à Paris.

Or ce travail n'a révélé aucune baisse soudaine de la diversité génétique, qui aurait confirmé la théorie de l'"écocide". L'analyse a plutôt montré une population en croissance stable depuis le 13e siècle jusqu'au contact avec les Européens.

L'étude révèle une "résilience" de la population face aux défis environnementaux pendant plusieurs siècles, jusqu'aux "chamboulements dévastateurs" survenus à la suite du contact avec les colons en 1722, soulignent les auteurs.

"Personnellement, je pense que l'idée de l'écocide a été élaborée dans le cadre d'un récit colonial. Il s'agit de l'idée que ces peuples soi-disant primitifs ne pouvaient pas gérer leur culture ou leurs ressources, et que cela les a presque détruits", déclare dans le communiqué le professeur assistant Victor Moreno-Mayar, de l'Université de Copenhague.

Avant Christophe Colomb

L'étude a également permis de confirmer que les Rapanuis se sont bien mélangés avec les Amérindiens des siècles avant l'arrivée des Européens. Selon l'étude ADN, ce contact est survenu entre le 13e et 15e siècle.

"Bien que notre étude ne puisse pas nous dire où ce contact a eu lieu, cela pourrait signifier que les ancêtres des Rapanuis ont atteint les Amériques avant Christophe Colomb" en 1492, relève la professeure Malaspinas.

L'île chilienne du Pacifique Sud est connue pour ses impressionnants mégalithes à la mystérieuse origine. Elle compte quelque 10'000 habitants, à 60% du peuple Rapa Nui - du nom originel de l'île - de culture polynésienne.

ats

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