Migrants » «La nourriture est bonne. Mais c’est la seule chose qui va bien ici.» Ehsan* a les mâchoires serrées. En ce début du mois de novembre, il est venu rendre visite à sa mère, Donya*, originaire d’Afghanistan. Celle-ci est arrivée au Centre fédéral d’asile de Boudry il y a deux mois. Depuis, Ehsan a vu sa situation se dégrader. «Ici, il y a beaucoup trop de monde. Je leur ai proposé de ramener ma mère chez moi, à Fribourg. Ils ne veulent pas.» Le jeune homme oscille entre colère et dépit. «Ma mère a 60 ans. Elle a besoin d’être soignée. A l’infirmerie, on lui a fait attendre cinq heures avant de la prendre en charge.»
«Ici, il y a beaucoup trop de monde»
Ehsan*
Selon son fils, Donya partage une chambre de neuf mètres carrés avec 8 ou 9 autres personnes. Pour le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), «une telle situation serait matériellement impossible et contreviendrait à toutes les normes de sécurité.» Néanmoins, plusieurs associations témoignent de la pression qui règne au CFA de Boudry depuis plusieurs semaines. Le nombre de migrants arrivant en Suisse a fortement augmenté, et le centre d’accueil a dû revoir à la hausse ses 684 places initiales, lui qui doit absorber 26% des demandes d’asile en Suisse. Le SEM indique qu’«en transformant en dortoirs des salles normalement dédiées à d’autres activités, le centre a pu accueillir jusqu’à 800 personnes.»
«La pire expérience»
A en croire l’histoire de Donya, l’augmentation de la capacité d’accueil s’est faite au détriment des conditions de vie dans le centre. Les récits de Jean-Marie* et Aimable* viennent corroborer son témoignage. Originaires du Burundi et arrivés en Suisse mi-septembre, ils ont passé deux semaines dans la halle polyvalente de Chamblon. «C’était la pire expérience de ma vie», témoigne Jean-Marie. «Nous étions entassés dans une salle de gymnastique non chauffée. Il y a eu des cas de pneumonie, des nourrissons sont tombés malades à cause du froid.»
Jean-Marie et Aimable ont ensuite été transférés au CFA de Boudry. «Depuis notre arrivée, nous dormons dans le réfectoire. Tous les matins, on nous réveille vers quatre ou cinq heures, avant l’arrivée des cuisiniers», explique Aimable. Les deux hommes critiquent également les soins qui leur ont été fournis. «A mon arrivée, j’avais de la fièvre. J’ai demandé à voir un médecin, mais on m’a simplement donné des somnifères», affirme Jean-Marie.