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L’étrange voyage de Novak Djokovic

Le Serbe est retenu dans le centre de rétention de Melbourne. Très loin du luxe auquel il est habitué

Novak Djokovic regarde vers le ciel et espère pouvoir rester en Australie.

7 janvier 2022 à 02:01

Tennis » Foyer de contaminations, incendie, nourriture infestée d’asticots: le centre de rétention de Melbourne, où est retenu selon les médias australiens Novak Djokovic, habitué aux hôtels de luxe, a fait l’objet de plusieurs polémiques ces dernières semaines. Le bâtiment de briques noires et de béton tranche radicalement avec les résidences auxquelles le Serbe, 46e sportif le mieux payé au monde selon le dernier classement du magazine de référence Forbes, est habitué.

Alors que l’Open d’Australie commence dans une dizaine de jours, le «Djoker», toujours coincé au centre de rétention Park Hotel, est engagé dans une bataille judiciaire pour rester sur le territoire australien et défendre son titre. Un contraste d’autant plus grand que l’an dernier, le joueur de 34 ans, qui a gagné près de 155 millions de dollars en tournoi depuis le début de sa carrière, aurait remis une liste d’exigences incluant la mise à disposition pour les joueurs, alors en quarantaine, de logements privés dotés de courts de tennis et d’une nourriture de meilleure qualité.

Des chambres exiguës

Le Park Hotel, où sont placées en rétention une trentaine de personnes dans des chambres relativement exiguës, est devenu tristement célèbre en décembre dernier, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans le bâtiment, forçant son évacuation et provoquant l’hospitalisation d’une personne. Une semaine plus tard, des demandeurs d’asile avaient posté des photos sur les réseaux sociaux, affirmant que c’était la nourriture qu’on leur servait, infestée d’asticots et accompagnée de pain moisi.

«Les médias parleront davantage de nous, le monde entier probablement, ce qui est vraiment triste, parce que ce n’est dû qu’à la présence de Djokovic ici pendant quelques jours», a confié Mehdi Ali, détenu à Park Hotel, à l’AFP. La plupart des personnes qui y sont hébergées auraient été amenées en Australie pour y recevoir des soins médicaux, après avoir été détenues sur la petite île de Nauru, dans le Pacifique, et sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Foyer de contaminations

En 2020, le bâtiment avait fait l’objet d’une autre polémique: l’Hotel Rydges (son nom à l’époque) est devenu un foyer de contaminations au Covid-19 dans la ville, alors qu’il accueillait des personnes devant observer une période de quarantaine. Une poignée de supporters de Djokovic se sont réunis devant le centre de rétention pour protester contre la détention du Serbe. «Vous savez ce que je ressens? De la tristesse, a soufflé Gordana, une supportrice de Nole. Et j’ai l’impression d’avoir perdu une partie de mon cœur à cause de ça. Djokovic est comme mon fils.»

Pendant ce temps, des manifestants étaient rassemblés contre la politique migratoire de l’Australie, et l’interdiction de pénétrer sur le territoire par bateau, sous l’œil de la police. «Abolissez les centres de rétention», indique une banderole accrochée devant le bâtiment. D’autres personnes témoignaient de leur colère contre les mesures prises pour lutter contre le Covid-19: «Je suis ici pour lutter en faveur des libertés, que ce soit pour les réfugiés, pour Novak ou même les gens de manière générale, qui en ont assez d’être limités», a affirmé l’un d’entre eux, Ryan Guszich. ats


«Une chasse politique»

Le président de la Serbie et des centaines de personnes soutiennent le N°1 mondial.

Le président de la Serbie Aleksandar Vucic a dénoncé hier «une chasse politique» contre Novak Djokovic, dont le visa a été annulé par les autorités australiennes. Le père du joueur a estimé que son fils, comme Jésus, a été «crucifié». A Belgrade, des centaines de personnes se sont réunies à l’appel du père de Novak Djokovic, Srdjan, pour soutenir le N°1 mondial, superstar dans son pays. «Ce qui n’est pas fair-play, c’est la chasse politique à laquelle participent tous, à commencer par le premier ministre d’Australie, prétendant que les règles sont valables pour tous», a déclaré le président Aleksandar Vucic à la presse.

Les autorités serbes, a-t-il souligné, font «tout leur possible» pour aider Djokovic, précisant que Belgrade a contacté à deux reprises l’ambassadeur d’Australie en Serbie et que la première ministre Ana Brnabic doit s’entretenir avec une haute responsable du Ministère australien de l’immigration et des frontières.

Belgrade entendait demander aux autorités australiennes de permettre à Djokovic de loger dans la maison qu’il avait louée pour l’Open d’Australie et non dans l’hôtel qui sert de centre de rétention, où il se trouve actuellement et que M. Vucic a qualifié «d’infâme au sens propre du terme». «Je crains que cette sorte d’acharnement politique sur Novak ne se poursuive, car quand vous ne pouvez pas vaincre quelqu’un alors vous vous tournez vers ce genre de choses», a-t-il ajouté. De son côté, le père du joueur, Srdjan Djokovic, a insisté devant les manifestants à Belgrade sur le fait qu’il demandait «un soutien (à son fils), pas de la violence».

ats

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