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Sports motorisés

«Le bilan écologique n’est pas bon»

La formule E est-elle vraiment plus verte que la formule 1? A Berne, on pense plus loin que la course


 Patricia Morand

Patricia Morand

15 mars 2019 à 02:01

Formule E » Comme toutes les compétitions sportives, les courses automobiles nuisent à l’environnement. En F1, plus que les tours de circuit, ce sont les 175 000 kilomètres aériens parcourus chaque saison pour le transport du matériel, des équipes et des pilotes qui causent le plus de dégâts à l’environnement (La Presse du 20 novembre 2018). Les projecteurs pour les épreuves de nuit et l’affluence des spectateurs ont également des conséquences néfastes. Selon la FIA, qui procède à des bilans carbone annuels depuis 2010, le spectateur serait un facteur de pollution plus important que les monoplaces aux moteurs vrombissants.

La formule E, série commencée par le président de la Fédération internationale d’automobile (FIA) Jean Todt et l’homme d’affaires espagnol Alejandro Agag, est-elle plus verte? A Paris, un ePrix est organisé chaque année depuis 2016. Pour mettre en place le circuit autour de l’hôtel des Invalides, les organisateurs posent du bitume éphémère. Les engins de chantier et les camions, ainsi que la fermeture des rues engendrent une pollution dénoncée avec virulence par le Groupe écologiste de Paris.

Zurich en est revenu

En Suisse, un premier ePrix a eu lieu au printemps 2018 alors que les courses automobiles sur circuit avaient été interdites par les autorités après le drame des 24 Heures du Mans le 11 juin 1955 (84 morts et 120 blessés dans le public après la collision de deux voitures de course). Le Conseil des Etats avait refusé en 2011 une initiative parlementaire demandant la levée de cette sanction, prétextant que ce n’était pas un bon signal en matière de politique climatique notamment. Zurich avait organisé l’événement en profitant d’une dérogation accordée par le gouvernement national en décembre 2015 pour les courses de véhicules électriques.

Zurich ayant renoncé à l’édition 2019, en concurrence avec la Zuri Fest, mais également en raison de l’hostilité manifestée par les riverains, la ville de Berne a repris le flambeau. «Nous avons identifié avec minutie les contraintes liées à cette organisation», explique Reto Nause, conseiller communal de la capitale, en charge de l’environnement. «L’ePrix ne nécessite pas de grands travaux. Il y aura un minimum de constructions. Le plus compliqué a été de déterminer le tracé (par le quartier de Schosshalde et la fosse aux ours, ndlr). Les pilotes sont enthousiastes. Ce sera assez spectaculaire, avec des montées et des descentes. On pourra se rendre compte de la puissance de ces véhicules électriques.»

Les autorités bernoises ont-elles tenu compte de la pollution engendrée par une telle manifestation? L’année dernière, 150 000 spectateurs ont été recensés lors de l’ePrix de Zurich. «Si plusieurs dizaines de milliers de personnes se déplacent, le bilan écologique n’est pas bon, souligne Reto Nause. A Berne, c’est le cas pour le Zibelemärit, une arrivée du Tour de Suisse ou le carnaval. Nous voyons cette course de formule E comme un moyen de présenter des nouvelles technologies diminuant les émanations de CO2. La course sera un élément d’un événement global. Il y aura un e-village où seront présentées les technologies liées à la mobilité électrique. Cela permettra de lancer une discussion générale sur l’électrification de la circulation. Non seulement pour les véhicules individuels, mais également les transports publics bernois que nous souhaitons électrifier.»

Myclimate partenaire

L’ePrix de Berne aura lieu le 22 juin. La fondation Myclimate est l’un des partenaires de la manifestation. Surprenant, dès le moment où la tenue de ce rendez-vous pollue. «Nous agissons dans tous les domaines où nous pouvons promouvoir la mobilité douce afin de diminuer les émissions de CO2 et cette course sera l’occasion de le faire», assure le porte-parole Kai Landwehr. «Nous restons indépendants», précise-t-il.

Selon ses concepteurs, la formule E est le «sport à la croissance la plus rapide sur la planète».

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