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Les objets fétiches des sportifs

Mat Rebeaud. «Devant la foule, je suis seul avec elle»

Pour défier l’apesanteur, Mat Rebeaud doit faire totale confiance à sa moto, réglée selon sa volonté


Patrica Morand

Patrica Morand

17 juillet 2019 à 00:30

Jamais sans ma moto (2/7) » Cet été, La Liberté raconte la relation de différents spor-tifs avec leur outil de travail. Deuxième épisode: la moto freestyle (FMX), chevauchée par Mat Rebeaud et bichonnée par son papa Antoine.

Mat Rebeaud (36 ans) a deux motos électriques, celles qu’il utilise depuis une année, dans un atelier très propre. Celles avec réservoir d’essence? Une dizaine, remisées dans le pont de grange de cette ferme rénovée de Grangettes où il vit avec son épouse et leur fils Edmond.

«Ma moto, c’est… tout», explique le pilote. «J’ai reçu ma première à 4 ans.» Son grand-papa Frédéric faisait de la moto, son papa Antoine aussi, en version cross. «J’ai commencé par ça. A 16 ans, je me suis mis au freestyle», souffle le Broyard, qui n’a pas de permis deux-roues!

Mat Rebeaud n’a pas compté. «En 20 ans, j’ai dû en utiliser plus de 100, en comptant les motos dont je disposais aux Etats-Unis. Je ne voyageais qu’avec les pièces spéciales, les suspensions, le guidon ou la selle qui me convenaient.» Le Broyard en «usait» deux ou trois par année. Il en avait deux en Amérique et deux au pays. Aujourd’hui, pionnier européen de l’e-moto, il a baissé le rythme. «Depuis que j’ai une famille, je roule surtout en Europe.»

«Je ne dérange personne»

A-t-il une moto préférée? «Non, enfin oui, celle que j’ai actuellement. C’est vraiment différent. Je peux m’entraîner quand je veux et je ne dérange personne. Cela fait peu de bruit.»

La moto a resserré le lien père-fils chez les Rebeaud

L’entretien, c’est l’affaire d’Antoine. «Je roule et je dis ce que je veux. Papa doit trouver des solutions.» Le pilote se reconnaît tatillon. «La moto, il faut la respecter. Si elle est sur un pied, le guidon doit être droit. Il faut aussi bien la connaître pour rouler. Deux motos peuvent être identiques, mais il y en a toujours une qui va mieux que l’autre. C’est comme une paire de chaussures.»

«Même s’il y a 50’000 spectateurs, je suis seul avec ma moto. Et il faut y aller», souffle-t-il. «S’il y a un problème, je sens tout de suite les vibrations. Tout doit être bien serré, qu’il n’y ait de jeu nulle part. Sur la moto électrique, il y a moins de choses à contrôler.» Qu’en est-il de la durée de vie? «Nous ne sommes qu’au début de la version électrique, mais j’ai déjà roulé plus de cent heures et elle fonctionne toujours nickel. Sans perte de puissance», apprécie le champion. «Il n’y a presque pas d’usure dans un moteur électrique», précise le papa.

 

Les réglages en hiver

L’hiver est consacré aux réglages. «Il faut trois ou quatre mois pour apporter des modifications sur l’engin, tester des pièces et mettre au point la suspension, le nouveau moteur (pour une thermique, ndlr). «Quand on a la recette, elle est prête à rouler en deux heures de travail», expose Antoine. «Pendant la saison, on peaufine.» Les problèmes de carburation ou d’injection inhérents aux figures acrobatiques, n’ont plus lieu d’être avec la version électrique.

Mat Rebeaud a effectué un apprentissage de polymécanicien pour comprendre la mécanique, connaître la soudure et tout ce qu’il faut savoir sur le sujet. «Il traite bien ses motos», apprécie le papa, mécano retraité. «Il y a eu des cadres cassés, mais cela n’était pas de sa faute.»

La moto a resserré le lien père-fils chez les Rebeaud. «Sans la moto, je n’aurais pas la même relation avec mon père», appuie Mat qui a déjà posé son fils (3 ans et demi) sur une selle. Pas question toutefois que l’engin prenne la place de l’épouse. «De 16 à 25 ans, il n’y avait que la moto. Aujourd’hui, elle passe après la famille. Mon sport est ma passion, mon métier. Mais c’est cool d’arriver le soir et d’avoir une vie normale. Tout est question d’équilibre. Si je suis bien dans la tête, je roule bien. Et si je roule bien, je suis de bonne humeur.»

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