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Basketball

«Tu dois chaque fois repartir de zéro»

Villars ne disputera pas les play-off. Le directeur technique Jean-Pierre Raineri revient sur cet échec

Alex Medolago (à gauche) et Villars disputent ce soir au Platy leur dernier match de la saison régulière de ligue nationale B.

 François Rossier

François Rossier

25 mars 2023 à 02:01

Bilan » La ligue B vit ce week-end sa dernière journée de saison régulière. Si quelques petites incertitudes demeurent concernant les affiches des play-off, les participants aux séries finales sont connus depuis deux semaines. Et pour la première fois depuis 2015, Villars, 9e, restera au pied du grand huit. «C’est un échec. En étant optimistes, nous pouvions viser la 4e place. Le top 6 était à notre portée, mais la saison a été très compliquée», souffle Jean-Pierre Raineri, directeur technique du club du Platy depuis… 23 ans, après avoir été joueur pendant 4 ans, puis entraîneur durant 5 saisons!

Battu quatre fois lors des cinq premières journées de championnat, Villars est parti du mauvais pied. «Nous avons changé d’entraîneur (Eric Bally pour Ambros Binz, ndlr) et de renfort étranger (Mansour Kasse pour Larry Slaughter, ndlr). Les joueurs ont découvert une nouvelle philosophie, un nouveau style de jeu. Ils ont aussi dû apprendre à évoluer avec un joueur extérieur. Cela demande un temps d’adaptation, mais le problème a été nos blessures. La moitié de l’équipe s’est blessée. Il est dur de trouver un amalgame, des automatismes quand l’effectif change continuellement. A chaque fois, tu dois repartir de zéro…» regrette le dirigeant villarois.

Manque d’investissement

Plus que sur le résultat brut, décevant certes mais qui s’explique en partie par la malchance qui a collé aux baskets sarinoises cette saison, Jean-Pierre Raineri s’interroge sur l’évolution de son sport. «Il est de plus en plus dur de former une équipe», avoue-t-il, en pointant du doigt deux raisons: le manque d’investissement et l’absence de relève. «Les joueurs veulent jouer. Ils n’acceptent plus de devoir se battre pour gagner des minutes. Il n’est pas facile de gérer des joueurs avec un tel état d’esprit dans une équipe composée d’amateurs. C’est plus facile chez les pros, qui sont rémunérés pour jouer», compare le Neyruzien.

Autre sujet d’inquiétude: le faible nombre de candidats pour former ou renforcer une équipe du niveau de Villars. «Il y a beaucoup de très jeunes basketteurs dans les clubs, mais par contre, il n’y a presque plus d’équipes U18 et U20 dans le canton», constate-t-il. La raison? Là aussi, le directeur technique du Villars Basket met en avant le changement de mentalité, «des jeunes et de leurs parents», précise-t-il. «Le sport collectif a beaucoup changé. Il est devenu un produit de consommation. Je m’inscris et je viens quand je veux. Si je n’ai pas envie, je ne viens pas… Le Covid a accéléré le mouvement», a-t-il pu constater.

Actuellement en pleine réflexion, les dirigeants du Platy doivent se déterminer sur la direction à prendre pour le futur. «Villars s’interroge, mais la question est cantonale. Seuls, nous n’arriverons pas à sauver le basket fribourgeois. Il faut qu’on trouve un moyen de garder les jeunes dans le basket. Au niveau féminin, la situation est carrément alarmante», s’inquiète Jean-Pierre Raineri, également engagé au sein de l’association fribourgeoise (AFBB).

Projet à moyen terme

S’il est acté que le club sarinois veut conserver ses deux équipes phares – masculine et féminine – en ligue B et qu’il souhaite continuer à donner la priorité aux joueurs suisses, il entend se projeter sur le long terme. «Il faut peut-être reconstruire sur les 2-3 prochaines années pour créer une osmose autour des quelques bons jeunes que nous avons dans l’équipe», dévoile le directeur technique.

Un projet à moyen terme qui rappelle le cheminement qui avait conduit au titre de champion de ligue B en 2018. «A cette époque, le groupe avait grandi durant plusieurs saisons. Puis les planètes s’étaient alignées pour remporter ce titre», se souvient-il. Dans la voix, on croit déceler une pointe de nostalgie. «Non, il n’y a pas de nostalgie, sinon on arrête tout», coupe Jean-Pierre Raineri, qui assure conserver toute sa motivation, «mais en prenant un peu plus de recul qu’au début», nuance-t-il. Bénévole depuis plus de 20 ans, le directeur technique redoute seulement d’être une espèce en voie de disparition. «Ma plus grosse crainte est de voir le bénévolat s’épuiser rapidement. C’est de plus en plus compliqué chaque année de trouver du monde…» souffle-t-il.

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