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Coupe de la Ligue. Elfic Fribourg a créé un «monstre»

Emmenées par leur capitaine Marielle Giroud, les Fribourgeoises remportent leur 7e Coupe de la Ligue


 Pierre Salinas, Montreux

Pierre Salinas, Montreux

30 janvier 2023 à 02:01

Basketball » Au soir d’une défaite en demi-finales de l’Open d’Australie face au jeune Novak Djokovic, Roger Federer avait tenu aux journalistes qui s’étonnaient de le voir moins dominant à peu près ce langage: «J’ai créé un monstre et, maintenant, je dois gagner tous les tournois que je dispute.» Mais encore: «Déjà, quand je perds un set, on dit que je joue mal. Il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres joueurs du top 10 qui ne demandent qu’à créer la surprise. C’est là toute la difficulté.»

Dimanche à Montreux, dans une salle du Pierrier qu’il connaît bien mais où il se sait attendu, Elfic Fribourg n’a pas perdu, au contraire. Devant 1200 spectateurs plus acquis à la cause du BBC Nyon féminin qu’à la leur, les Fribourgeoises se sont imposées 89-69 pour s’adjuger la septième Coupe de la Ligue (SBL Cup) de leur histoire, la troisième d’affilée. Entre le quadruple champion de Suisse en titre et son dauphin, qu’il avait battu trois fois en autant de matches cette saison, le succès du premier relève de la logique quasi mathématique. Mais raisonner en statisticien, n’est-ce pas prendre le risque de banaliser la performance d’une équipe qui, dimanche, a qui plus est évolué en tant que telle?

Duel dans la raquette

«L’altruisme de cette équipe me surprendra toujours»
Romain Gaspoz

Oui, il y a eu beaucoup de Courtney Range, dont le duel dans la raquette avec son alter ego nyonnais Korinne Campbell a tenu le haut du panier. Arrivée il y a un mois sur les bords de la Sarine, Juliunn Redmond n’a pas eu le même impact offensif que sa compatriote. Mais ses deux tirs primés, le premier sur le «buzzer» du troisième quart (30e, 67-52), le deuxième au début du suivant (32e, 70-54), ont été autant de coups fatals portés aux Vaudoises. Si les Américaines ont tenu leur rang, que dire de leur capitaine, Marielle Giroud, dont nous reparlerons plus tard?

Bref, comme toujours depuis trois ans maintenant, les individualités d’Elfic ont répondu présent. Invité à dire ce qui lui a fait le plus plaisir, Romain Gaspoz a apporté une réponse collective. «Marielle (Giroud), la saison passée, était dans le meilleur «cinq» de l’Eurocup. Courtney (Range), elle, correspond aux standards WNBA. Quant à Redmond, elle était une joueuse majeure de son université. Mais toutes autant qu’elles sont ont envie de se passer la balle. L’altruisme de cette équipe me surprendra toujours», apprécie le coach des elfes.

«Après ma blessure, il a fallu que je me remette dans le bain»
Marielle Giroud

Altruisme et solidarité. Cette cohésion a été nécessaire quand, à la fin du premier quart, Nyon a confirmé ses envies de putsch en prenant les devants (19-20). La riposte des favorites fut cinglante. Elle se matérialisa par un partiel de 6-0 qui se transformera bientôt en 9 (13e 32-23), puis 16 points d’avance (26e 54-38). «Nyon est entré très fort dans la rencontre, nous peut-être un peu moins. Mais dans le deuxième quart, nous avons su augmenter notre intensité défensive, ce qui nous a donné des contre-attaques et beaucoup de paniers faciles», analyse Marielle Giroud, auteure de 24 points, dont 12 sur lancers francs, assortis de 18 rebonds.

Vingt-huit trophées

La Valaisanne de 35 ans n’est jamais aussi forte que lors des grands rendez-vous. A son palmarès, 28 trophées pour autant de médailles. «Celle-ci, je l’ai donnée à mon petit-neveu, qui assistait à sa première finale», précise celle qui, après avoir manqué le début de saison en raison d’une fracture à une main, a prouvé qu’elle était revenue à son meilleur niveau. Ne pas dire que son retour, à la mi-novembre, était poussif pour autant. Où l’on reparle du «monstre» d’un jeune retraité bâlois, «monstre» que Marielle Giroud a aussi créé. Toutes proportions gardées.

«Après ma blessure, il a fallu que je me remette dans le bain et… Je ne peux pas marquer 24 points et prendre 18 rebonds à tous les matches!» s’offusque-t-elle presque, avant d’ajouter: «Les gens ont tellement d’attentes que si je marque 15 points, ils pensent que j’ai fait un match pourri. Je trouve que je ne suis pas jugée de la même façon que les autres et, de temps en temps, je dois dire que ça me casse les pieds.»

Un coup de gueule dissimulé dans un sourire. Un jour viendra où Elfic Fribourg et Marielle Giroud mordront la poussière. D’ici là, ils sont condamnés à gagner.

Coup par coup

Coup de chapeau

Le retour au jeu de Marielle Giroud, à la mi-novembre, avait relégué Eléa Jacquot sur le banc, duquel la No 10 des elfes est souvent la première à sortir, il faut le dire. Avec plus ou moins de réussite, il faut le dire aussi. Dimanche, l’ailière fribourgeoise a eu un impact dès ses premiers pas sur le parquet, au début du deuxième quart. «L’entrée d’Eléa a été un moment clé», fait remarquer Romain Gaspoz. Et de préciser: «Ses stops défensifs nous ont permis de prendre un lead de six points.»

Coup de projo

L’ombre de Meline Franchina a plané sur le Pierrier et le banc vaudois en particulier. Partie en Afrique pour des raisons professionnelles, l’ex-capitaine de Nyon, l’une des rares joueuses suisses à savoir comment limiter le rayon d’action de Marielle Giroud, a été remplacée au début de l’année par la Polonaise Klaudia Niedzwiedzka qui, dimanche, n’a pas pesé du tout sur la rencontre. Ni en attaque ni en défense où – doux euphémisme –, elle n’a pas su contenir la capitaine d’Elfic. PS

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