Une artiste engagée

Parle-moi de ton art!

Jeanne Vonlanthen, 19 ans, expose actuellement à la Coutellerie à Fribourg.

«En ce moment, je cherche à sauver le monde. Cependant, je sais que c’est une mission difficile, reste à savoir comment je peux le sauver. Le militantisme m’intéresse dans toutes ses déclinaisons. Je pense qu’on ne peut pas s’enfuir, mais on peut décider de changer les choses en ce monde. Concernant mon rapport à l’art, il est un moyen pour moi de célébrer ce qui est beau et vivant sur cette terre. Ce désir de faire des choses vraies, tournées vers le monde, s’est encore plus intensifié après mon passage dans un collectif autogéré en Provence. Depuis que j’y suis allée, mon travail s’est amélioré, je l’ai enrichi. Tendre à la marginalité, c’est mon état d’esprit, je n’ai simplement pas envie de faire des choses qui plaisent, je veux toucher aux détails de la réalité: je veux montrer de vrais visages, de vrais corps, de vrais gens, c’est là que c’est beau. J’aime l’authentique. On m’a appris le superficiel et je veux m’en débarrasser.

Concernant mon expérience artistique, j’y suis plus investie depuis que je suis consciente du monde. Quand on grandit, il y a des choses qui nous touchent plus que d’autres. Mais, je n’ai pas arrêté, j’ai envie de dessiner. J’ai ce besoin de dessiner les choses réelles du monde. Pour un projet à la Cabinerie (centre d’exposition à Fribourg aménagé dans une ancienne cabine téléphonique, ndlr), j’avais sculpté des visages de femmes qui hurlent. Je voulais que ce soit très expressif. Toute cette colère, cette souffrance, cette hargne, je voulais la mettre sur des visages. J’ai l’impression que les gens n’osent pas crier ou on ne les entend pas. Ou ces femmes qui crient, on ne les écoute pas. Je souhaite revenir à cet état sauvage, instinctif: tu souffres (stimulus), donc tu hurles (réaction).» Kilian Richard