The Crown saison, la dame de fer et la princesse des cœurs

La trame de The Crown se rapproche de plus en plus de la situation actuelle et illustre par cette quatrième saison le début de deux ères tourmentées de l’histoire contemporaine britannique.

Première tempête : l’avènement de Margaret Thatcher au 10 Downing Street. Pour une première femme Premier Ministre, Mme Thatcher a indéniablement bouleversé la Grande-Bretagne d’alors. Brushing parfait et verbe glaçant dépeignent magnifiquement la volonté de réformes de la dame de fer, admirablement interprétée par Gillian Anderson (Sex Academy et Hannibal). Nul ne semble lui résister, pas même les mineurs désabusés que ses collègues aristo-paternalistes. Quoiqu’au travers des épisodes, on arrive à discerner une rivale de taille, qui n’est autre que la Reine du Commonwealth. La saison 4 dessine de manière subtile le jeu pincé d’une rivalité entre les deux femmes de la Grande-Bretagne pour le commandement du vaisseau britannique, jusqu’à la mutinerie intestine parmi les seconds de la Dame de fer.

L’autre tourmente de cette saison, c’est l’arrivée de lady Diana Spencer au sein de la famille royale britannique. Cette princesse de contes de fées à tout pour satisfaire les standards des Windsor : belle, non-mariée et d’un bon rang. Néanmoins, le démon se cache dans les détails. Une relation amoureuse a besoin, par nature, d’amour et d’attrait entre deux partenaires. Or le cœur du prince de Galles est déjà épris par Camilla Parker-Bowles et tous les efforts de Diana pour y remédier sont vains. De plus, durant la trame de la saison, on découvre le développement d’un ressentiment de Charles face à la popularité grandissante de Diana. N’est-il pas, après tout, le futur Roi ? Hélas, le cœur des sujets est déjà conquis par une reine aux atouts modernes que sont la simplicité et l’authenticité. Tout effort de reconquête de l’opinion est donc avorté et l’équilibre du couple princier éclate face à ces deux protagonistes irréconciliables. Ira-t-on jusqu’au divorce ? La série nous laisse impatiemment sur notre faim.

Cette quatrième trame de la vie royale d’Albion scénarisée par Peter Morgan ajoute une certaine maturité à l’ensemble de la série. Désormais, Élisabeth II a pris de l’âge et devient une figure totem du royaume. Les soubresauts existentiels s’invitent dans la jeune génération des princesses et princes Windsor. Le jeu général des acteurs satisfait aux exigences d’une série de cette envergure et les décors sont encore une fois d’une qualité incontestée. Ainsi The Crown saison 4 s’apprécie comme un bon whisky pur malt dans cette froideur de novembre.