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Suspens ex machina

Article en ligne – Critique BD » Avec Cauchemars ex machina, Thierry Smolderen et Jorge González nous embarquent dans un polar astucieux et étonnamment rêveur. Suspens garanti.


Lise Schaller

Lise Schaller

20 février 2022 à 18:05

DARP-HORS COLL/Modified by DALIM SOFTWARE

Nul besoin d’être une grande adepte de polar pour apprécier Cauchemars ex machina, paru chez Dargaud en janvier 2022. L’album se démarque d’abord par le mélange des styles : polar à suspens avec ses espions et intrigues, histoire fantastique et onirique, psychologique, et j’en passe. Le récit possède plusieurs niveaux narratifs et l’on n’a pas toutes les clés en main pour comprendre où nous emmènent les péripéties des protagonistes, si bien que la lectrice a le choix entre se casser inutilement la tête ou s’enfoncer dans son canapé et apprécier les rebondissements inattendus du scénario de Thierry Smolderen. Il va sans dire que nous conseillons la deuxième option.

Entre le réel et l’imaginaire, une courte biographie des trois personnages principaux, placée au début de l’album, donne le ton. En effet, deux d’entre eux sont inspirés des romanciers policiers historiques Margery Allingham et Ernst Bornemann, tandis que le dernier, écrivain lui aussi, est fictif. Il s’agit de Corneille Richelin, découvert mort au début de l’histoire. S’ensuit un flash-back qui raconte la rencontre de ces personnages du roman mystère peu avant la deuxième Guerre Mondiale. Ernst et Margery travaillent pour les services secrets britanniques et tentent d’utiliser Corneille Richelin pour piéger une éminente personnalité nazie, opération qui doit sauver les alliés d’un bombardement nucléaire sans précédent. On s’espionne, tend des pièges, on invente des stratagèmes plus farfelus les uns que les autres pour arriver à ses fins. 

Autre acteur important du scénario de Cauchemars ex machina : les rêves – souvent des cauchemars – comme l’annonce le titre de l’œuvre. Apprenant que Corneille Richelin puise les idées de ses romans dans ses rêves qu’il note assidûment dans un carnet, nos deux agents secrets vont tenter de les manipuler. Vont-il atteindre leur objectif ? Le suspens tient la lectrice en haleine jusqu’à la fin du récit.

L’album a cependant autre chose à offrir que du divertissement de qualité. Les personnages de l’histoire ont une personnalité intéressante et sont touchants, dans les deux camps. On apprend à les connaître, vibre avec eux, et espérerait presque les retrouver dans d’autres aventures. À mentionner également le dessin de Jorge Gonzàlez, qui n’est pas en reste : l’ambiance mystérieuse de la BD est portée par des couleurs sombres toujours bien combinées, et les personnages sont dessinés avec des contours épais qui ont parfois un air d’esquisse volontaire, rendant les planches dynamiques. Malgré la tension palpable et les événements qui s’enchaînent, les auteurs parviennent à insérer à l’album des scènes calmes et contemplatives. 

Nous conseillons vivement la lecture de Cauchemars ex Machina, avec sa mise en abîme de deux auteurs bien réels qui écrivent et dessinent un polar sur des écrivains de polars, certains inspirés de personnalités historiques, dans un contexte historique truffé de péripéties quant à elles bien fictives.


Cauchemars ex machina
Dargaud
Janvier 2022
Thierry Smolderen (Scénario); Jorge González (Dessin, Couleurs)
128 pages
 

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