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Sida, libérer la parole

Paolo Ducoli, intervenant au sein de l’association Personnes Vivant Avec, est atteint du sida. Aujourd’hui, il fait de la prévention chez les jeunes

En 2018, le PVA-Genève fêtait ses 25 ans à l’occasion de la soirée 360° Fever.

 Mélodie Rossier

Mélodie Rossier

14 décembre 2020 à 02:01

Santé » «C’est par un acte d’amour que j’ai été infecté du virus du sida», se rappelle Paolo Ducoli, qui a été sauvé de justesse par les trithérapies. Son compagnon, Clément, n’a pas survécu. S’il a connu des périodes sombres, le Tessinois parle aujourd’hui avec bonne humeur de sa situation: «D’autres personnes touchées par la maladie ne peuvent pas en parler à cause de leur situation professionnelle ou familiale. Je les comprends, bien sûr», explique-t-il avant de reprendre: «Moi, je l’assume.» Paolo a la joie de vivre et s’implique désormais au sein de Personnes Vivant Avec (PVA), une association active dans la prévention et la lutte contre le VIH et le sida.

«A travers le témoignage, on arrive à toucher», explique le militant. Pour lui, il est essentiel de libérer la parole autour du sexe: «Les jeunes connaissent la théorie grâce à l’école, mais il faut leur parler de choses réelles.» Ainsi, Paolo estime bénéficier d’un statut particulier auprès des adolescents: «Les ados se rebellent généralement contre leurs parents et leurs profs. Moi, je suis comme leur oncle, je leur raconte mes expériences. Je suis là pour les avertir des risques à éviter.»

Eviter de banaliser

Rocco Senatore, directeur de PVA-Genève, appuie l’importance du discours préventif chez les jeunes: «Les parents sont plus informés que leurs enfants car ils ont vécu la partie tragique du VIH. Ils ont encore la peur.» Depuis 2014, l’association a donc mis sur pied un projet de témoignages avec des personnes concernées par le VIH. Outre les interventions en classe et en manifestations, PVA utilise divers canaux pour diffuser ses messages de sensibilisation. «Nous avons édité une BD en 2019 retraçant sept histoires de vie, et en 2018, nous avons réalisé des spots vidéo», rapporte Rocco. Selon lui, il y a un équilibre à trouver lorsque l’on parle du sida, pour éviter de le banaliser ou de le dramatiser. «Nous présentons des profils divers afin de montrer que le virus peut toucher tout le monde», ajoute-t-il. Le directeur de PVA souligne l’importance de se faire tester: «C’est un acte de responsabilité envers soi et les autres», rappelle Rocco.

Lors de ses interventions, Paolo présente différentes manières de se protéger lors d’un rapport: «Je refuse d’arriver en classe avec une seule sorte de préservatif ou de lubrifiant. Il me faut toute la panoplie!» plaisante-t-il. «Il faut que les jeunes puissent voir et toucher ce qu’ils peuvent utiliser.» Selon lui, les moyens de protection à disposition ne sont pas assez accessibles: «Je suis toujours scandalisé de voir que l’on vend des sex-toys à la Migros mais pas encore de préservatif féminin.» Le militant est d’ailleurs allé jusqu’à en acheter lui-même pour les distribuer.

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