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Révolution romantique

Depuis quelques années, les jeunes se questionnent sur les normes du couple. Trois femmes nous font part de leur point de vue

Sous les apparences dorées, les couples sont souvent le lieu de fortes inégalités.

 Kilian Richard

Kilian Richard

29 mars 2022 à 04:01

Société » Aurélie Rayroud, 27 ans, et Agathe Fellay, 28 ans, toutes deux comédiennes, questionnent les codes de l’amour à travers leur spectacle Effondrement de l’amour. En effet, elles supposent qu’elles sont conditionnées à vivre «l’amour et sa perte comme des femmes». Selon les deux artistes, les femmes, à travers leur éducation et les différents médias, apprennent à vivre l’amour intensément jusqu’à être hyperinvesties dans le couple. Au contraire, les hommes sont éduqués à être très détachés. Ce spectacle, qu’elles joueront prochainement à Fribourg, parle donc de la déconstruction du couple et de l’image romantique véhiculée par la société.

Avant la création du spectacle, Aurélie avait déjà «l’impression d’être féministe»: «Je n’avais pas conscience de la dimension patriarcale présente dans le couple, de toute la charge émotionnelle et mentale que j’investissais pour garantir l’harmonie et l’évolution de mes relations», relate la jeune femme. Cependant, à travers leurs lectures féministes, les deux artistes ont réalisé le poids de ces charges. Agathe évoque celles-ci par la notion d’«escalator relationnel», définie dans le podcast Le cœur sur la table comme l’ensemble des attentes sociales contraignant le couple à suivre un certain ordre de marche: l’emménagement ensemble, la parentalité…

Le patriarcat, un système

Selon Lara Bertholet, 24 ans, étudiante en sciences sociales, le déséquilibre entre les socialisations émotionnelles genrées féminines et masculines compliquerait l’accès à la communication. «Ce sont comme deux mondes qui rentreraient en collision», dit-elle. Pour illustrer ses propos, Lara mentionne le fait que lors de ses rendez-vous, c’est elle qui montre le plus d’intérêt envers un garçon, en lui posant des questions, c’est elle aussi qui proposera le plus de cuisinier des repas. «Ces luttes internes font partie d’un système socio-économique: le patriarcat», affirme la sociologue Caroline Henchoz, maître d’enseignement à l’Université de Fribourg. «Or, ce dernier ne s’inscrit pas seulement dans des mauvaises volontés individuelles, car il est un système qui influence les choix individuels.»

Selon Lara, le travail de care (prendre soin des autres, ndlr), bien que construit socialement, devrait être autant valorisé chez l’homme que chez la femme. En outre, d’après Aurélie, tout en étant chacun éveillé à la pression des rôles sociaux, il ne faut pas oublier que rien ne peut changer sans communication de chacun. «On ne peut comprendre les choses par magie, c’est un vrai travail d’honnêteté et de coopération pour vraiment savoir ce que chacun veut dans le couple.» Selon Agathe, l’éveil aux possibilités de construire ensemble, en communiquant, en analysant la relation et ses failles, pourrait donc être la réponse aux dysfonctionnements amoureux.

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