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«La peur de devoir manger»

Si les repas sont souvent considérés comme des moments conviviaux, ils constituent parfois de réels défis pour les personnes anorexiques

Céline Klodner revient sur son combat contre l’anorexie.

 Nastasia Jeanneret

Nastasia Jeanneret

7 février 2022 à 02:01

Santé » Céline Klodner, 22 ans, est tombée dans l’anorexie à l’âge de 15 ans. Dans un moment de vie compliqué, l’accumulation de remarques sur son physique déclenche en elle l’obsession de maigrir: «J’ai commencé à noter tout ce que je mangeais et à compter les calories. La première semaine, c’était 1200 calories par jour, puis j’ai réduit à 500», explique Céline. La nourriture devient alors un ennemi à combattre: «Les aliments ont été supprimés, placés sur une liste noire. Si un jour je dépassais les 500 calories, je devenais presque folle et je faisais encore plus de sport», raconte-t-elle.

S’ensuit un long et solitaire périple. Sa maladie prend de plus en plus de place et impacte sa vie sociale: «Les situations quotidiennes, comme les dîners en famille, étaient très difficiles. Je ne faisais presque plus rien avec mes amis, car j’avais toujours peur de devoir manger quelque chose», confie Céline. Elle développe alors des stratégies afin de manger moins sans que cela ne se remarque: «Si quelqu’un me parlait de nourriture, j’avais toujours mes excuses», se rappelle-t-elle.

Michèle Blank Gebre, psychothérapeute au centre de traitement ambulatoire des troubles du comportement alimentaire à Fribourg (CEPTADE), explique: «Pour les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, c’est un énorme défi d’être exposées à la nourriture. Cela génère beaucoup d’angoisses, car il y a une grande peur de perte de contrôle.» Pertes de contrôle qui sont généralement vécues comme très graves par les personnes concernées: «Un jugement très dur vient lorsqu’elles transgressent leurs règles restrictives. La honte et la culpabilité les torturent et peuvent par exemple les amener à se faire vomir, ce qui est très nocif pour la santé», prévient-elle.

Ecoute et compréhension

Pour Michèle Blank Gebre, l’entourage joue un rôle important dans cette épreuve: «Il n’y a pas de recette toute faite, si ce n’est de soulever le sujet avec la personne seule. Le mieux est de nommer les comportements qui nous font souci, de manière bienveillante et sans jugement.» Une approche que Céline appuie: «En tant que proche, le premier moyen d’aider est de bien s’informer sur le sujet et d’écouter la personne. Se sentir écouté et compris donne beaucoup de force.» Mais elle souligne que le premier pas vers l’amélioration commence avec soi-même: «Il faut admettre que le trouble alimentaire fait partie de soi, mais aussi que l’on a besoin et envie d’aide.»

Aujourd’hui cheffe de chantier et dessinatrice en bâtiment, Céline déclare avoir vaincu sa maladie, notamment grâce au bodybuilding: «Pour moi, le bodybuilding est plus qu’un simple hobby, c’est un style de vie et j’adore ça. Le chiffre sur la balance ne m’affecte plus et la nourriture ne me donne plus de mauvaises pensées. Et honnêtement, j’adore manger.»

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