Fêtons-la sans Nicolas

Y en a marre!

La vie d’un Fribourgeois a-t-elle encore un sens sans fêter la Saint-Nicolas?

Chaque année, le premier week-end de décembre, c’est la même rengaine, il ne faut pas espérer être surpris. Pourtant, chaque année, on y retourne. Et quand pour une fois, on n’a pas dû y aller, on n’est pas contents.

Non mais, figurez-vous: cette année, on n’a pas attendu dans le froid, parmi les gamins qui courent partout et les parents qui les laissent faire. Ils n’ont pas besoin de les gronder, ou de jouer la simple évocation des Pères Fouettards qui suffit à les calmer. C’était même plus efficace que les «Killian, tu viens ici maintenant, ça suffit!»

Non, cette année, on n’a pas entendu l’unique et même mélodie s’essouffler d’un bout à l’autre du cortège. On n’a pas eu la joie de voir le Saint-Nicolas et son âne en vitesse, derrière une foule de bras tendus et de «Saint-Nicolas! Ici!» en espérant choper un petit biscôme durci par le froid. On ne l’a pas entendu dire «Mes chers enfants» de sa voix accueillante et chaleureuse, on ne l’a pas aperçu sur le balcon de la cathédrale, brillant de mille feux et disparaissant comme par magie derrière un rideau de fumée rouge.

Et pourtant, il y a plein de petites choses qui nous manquent. Le pain à l’ail et le vin chaud, meilleur à un stand qu’à un autre. Le code vestimentaire: les moufles et les bonnets qui clignotent. Les ballons Reine des Neiges ou Minion, tantôt attachés aux poignets des enfants, tantôt rapetissant dans le ciel. Les stands de gâteaux, de soupe, d’écharpes, d’épices, de coques pour téléphone, de lunettes de soleil, et j’en passe.

Qu’est-ce qu’on va faire? Où va le monde? La vie a-t-elle encore un sens? On se résigne, on se plaint, on n’a pas le choix. On peut noyer sa tristesse dans un vin chaud maison. Il aura un goût de nostalgie, d’amertume et d’espoir. Vivement l’année prochaine, qu’on puisse y retourner et ne pas être surpris. Margot Knechtle