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Euphoria, esthétique mélancolie tragique

L'article en ligne – critique série » La saison 2 de la série HBO Euphoria est un chef d’œuvre esthétique mais le scénario peine à convaincre pleinement, même si les personnages et thématiques abordées sont prenants.


Amédée Hirt

Amédée Hirt

14 mars 2022 à 12:46

Après le succès de la saison 1 sortie en 2019, la série HBO Euphoria nous emmène à nouveau dans les désillusions adolescentes de East Highland, petite ville des États-Unis. Directement tirée de la série israélienne du même nom, ce remake américain, coproduit par Drake, a la particularité de s’inspirer de la jeunesse de son scénariste et réalisateur, Sam Levinson.

Des personnages et des thèmes pertinents

La saison 2, dont le dernier épisode est sorti le 27 février 2022, reprend l’histoire là où les épisodes spéciaux nous avaient laissés. Rue Benett (Zendaya), la narratrice, a replongé dans la drogue avec son nouvel ami Eliott (Dominic Fike). Elle tente de le cacher à son entourage, dont sa petite amie Jules Vaughn (Hunter Schafer), sa sœur Gia (Storm Reid), sa mère Leslie (Nika King) et son « sponsor » de réhabilitation, Ali (Colman Domingo). Pendant ce temps, Cal Jacobs (Eric Dane) a une relation de plus en plus compliquée avec son fils Nate Jacobs (Jacob Elordi), bellâtre manipulateur. Ce dernier, séparé de l’extravertie Maddy Perez (Alexa Demie), commence une relation avec la meilleure amie de cette dernière, Cassie Howard (Sydney Sweeney). Lexi (Maude Apatow), la sœur de Cassie, développe une nouvelle amitié avec le placide dealer Fezco (Angus Cloud) et commence l’écriture d’une pièce de théâtre, sortant ainsi de l’ombre.

Résumée ainsi, Euphoria ressemble à une série pour adolescents tout ce qu’il y a de plus classique. Pourtant, la production de HBO est bien plus que ça. Elle aborde des thématiques lourdes, comme la drogue, le sexe, le deuil, le questionnement identitaire, ou la dépression, avec une maturité rare. Les personnages sont certes archétypaux et les exemples extrêmes, mais il n’en demeure pas moins que les problématiques abordées sont primordiales. Loin des clichés, la narration évite le manichéisme et rentre profondément dans la psychologie des personnages. Soyons honnêtes, on est bien loin du « feel-good movie. » Loin d’être euphorique, Euphoria est une longue mélancolie dépressive, entrecoupées de joies éphémères.

Une esthétique époustouflante au service d’un scénario essoufflé

 

Cependant, là où la saison 1 avait brillé avec le duo principal Rue-Jules, l’arc narratif de ces deux personnages s’essouffle dans cette deuxième mouture. Le scénario a de la peine à nous donner une direction claire. Les premiers épisodes sont quelque peu déconcertants et nous laissent légèrement dubitatifs au niveau du scénario. Heureusement, la deuxième moitié est beaucoup plus qualitative. Les épisodes centrés sur le personnage de Cal Jacobs terminent brillamment son arc narratif et offrent un beau questionnement de la masculinité. Les deux épisodes finaux utilisent avec brio une mise en abîme théâtrale et nous offrent un final grandiose, tout en éclairant le personnage de Lexi, jusqu’alors discret.

Ce qui fait la grande force de cette série, c’est essentiellement son esthétique. Les jeux de couleurs, de lumières et de contrastes s’insèrent magnifiquement dans un montage dynamique et imaginatif. Le rythme est bien maîtrisé par Levinson qui n’hésite pas à briser le 4ème mur et se montre très innovant dans la manière d’amener la narration. Euphoria se révèle être un enchaînement fluide de toiles de maître, au sens encore plus littéral dans le quatrième épisode. Cette fresque contrastée est en plus appuyée par une bande originale omniprésente et de grande qualité. La musique est un mélange de tubes rétros et de créations contemporaines, servant tour à tour d’arrière-plan ou d’élément narratif principal.

Qu’espérer de la troisième saison ?

La série se termine en laissant plusieurs questions en suspens. La porte est donc ouverte pour une troisième saison d’ores et déjà annoncée. Il faut toutefois espérer que les scénaristes sauront renouveler l’intrigue et le développement des personnages. À l’image de celui de Kat Hernandez (Barbie Ferreira), admirablement traitée dans la première saison et réduite à l’état de faire-valoir décorative dans la deuxième, un certain nombre de personnages semblent avoir épuisé leurs possibilités narratives.

 

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