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«De la privation à l’abus»

Les régimes restrictifs peuvent déboucher sur une reprise de poids. Ils peuvent aussi être nocifs pour la santé, spécialement pour les adolescents

Sarah Musy fait des régimes depuis l’âge de 11 ans.

Natasia Jeanneret

Natasia Jeanneret

21 mars 2022 à 02:01

Corps » Durant de nombreuses années, Sarah Musy, 29 ans, a souffert de moqueries et de critiques en lien avec son poids. Son enfance a été marquée par ces remarques malveillantes: «Je n’étais pas bien dans ma peau, car je vivais beaucoup de harcèlement. J’avais une image de moi comme étant énorme», explique Sarah.

D’elle-même, elle s’est alors soumise à une série de régimes restrictifs: «J’ai commencé à faire des régimes à l’âge de 11 ans. Je me privais de pain, de sucre et de gras, et je mangeais beaucoup de salade. J’avais mal au ventre parce que j’avais faim, mais je me disais que ce n’était rien par rapport au harcèlement que j’avais vécu. La récompense était d’avoir un corps beau et léger, contre lequel personne ne pouvait rien dire», se remémore Sarah.

Mais ces épisodes de privations extrêmes l’entraînaient dans un cycle infernal: «Quand je perdais des kilos, je me trouvais belle, et je m’autorisais à manger. Alors je reprenais rapidement du poids, et ça recommençait. Je passais sans cesse de la privation à l’abus», explique Sarah. Pour Mélanie Berger, diététicienne à l’HFR, cet «effet yoyo» s’explique aisément: «Les régimes restrictifs peuvent diminuer la masse musculaire, et donc avoir un impact sur le nombre de calories dont on a besoin pour fonctionner.» Des modifications du métabolisme qui se répercutent fréquemment au-delà du régime: «Lorsque l’on recommence à manger comme avant, on reprend très vite du poids et souvent même un peu plus», indique Mélanie Berger.

L’effet yoyo

«Plus le régime est restrictif, plus le risque de l’interrompre est fort», affirme Mélanie Berger. Selon elle, ce sentiment de frustration et d’échec qui s’ajoute à la mauvaise image que les personnes ont déjà d’elles-mêmes est problématique et même dangereux: «C’est la porte ouverte à l’effet yoyo et dans le pire des cas, au trouble du comportement alimentaire», prévient Mélanie Berger.

La diététicienne souligne aussi que les régimes ne sont pas anodins pour la santé: «Les régimes entraînent souvent des baisses d’énergie et peuvent amener des diminutions de performance et de concentration.» Des problèmes accentués chez les plus jeunes: «Chez les adolescents, il peut également y avoir des soucis de croissance, ainsi qu’un retard ou un arrêt des menstruations chez les jeunes filles», précise Mélanie Berger.

Se libérer du regard

Aujourd’hui, au terme de son master en littérature espagnole et latino-américaine à l’Université de Fribourg, Sarah est catégorique: «Les régimes ne sont pas la solution. Ce qu’il faut, c’est réussir à se libérer du regard de l’autre et faire un parcours pour apprendre à s’aimer.» Le premier confinement a été pour elle ce premier pas vers la liberté: «Seule dans ma chambre, j’ai enfin commencé à aimer mon corps. Maintenant que je suis à l’écoute de moi-même, je suis guérie de cette angoisse», affirme la jeune femme.

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