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Croiser le fer en famille

Les huit frères et sœurs Favre partagent en marge de leurs études une passion pour l’escrime. Portrait d’une fratrie hors du commun

Chez les Favre, si l’une gagne, les autres laissent éclater leur joie. Ici Angeline (à g.) et Aurore (à dr.) aux championnats du monde junior à Torun, en Pologne, en 2019.

 Louis Rossier

Louis Rossier

21 décembre 2020 à 02:01

Sport » La famille Favre offre un tableau atypique: huit frères et sœurs, tous mordus d’escrime. Du plus petit – Anatole, 9 ans – à la plus grande – Aurore, 21 ans – ils partagent au Fechtclub de Berne une passion héritée de leur mère, médecin: «Quand à 5 ans j’ai voulu commencer un sport, elle m’a emmené au club d’escrime de Sion et ça a entraîné les autres», raconte l’aînée.

S’il reconnaît que la question «ne s’est jamais vraiment posée», son frère Hadrien, 19 ans, s’enthousiasme dès qu’on l’interroge sur les vertus de ce sport: «C’est d’abord une école de vie, et s’y ajoutent une tradition de noblesse, la nécessité de se contrôler tout en restant combatif, l’adrénaline générée par la proximité du danger», énumère-t-il avec ferveur.

Etudiant à l’Université de Fribourg en français et théologie, il vit en colocation avec ses deux grandes sœurs Angeline, 20 ans, étudiante en biologie, et Aurore, 21 ans, étudiante en slavistique. Les trois progressent en marge de leurs études à coups de quatre à cinq entraînements par semaine en vue des Jeux olympiques de 2024 et 2028. «Ma famille est peut-être omniprésente, reconnaît Aurore, mais c’est un soutien et un cadre qui permet de se développer plutôt qu’une prison.»

Préparation pour les JO

La coutume veut que les huit enfants repartent vers le domicile familial à Euseigne, dans le val d’Hérens, une fois l’entraînement du vendredi soir terminé. «On rentre dès qu’on peut. Pour nous, le Valais, c’est une bouffée d’air», confesse Hadrien. Et quand le Conseil fédéral annonce le confinement au printemps dernier, c’est l’allégresse: «Le temps libre, on le passait déjà avec nos conjoints respectifs ou en famille, explique Hadrien. Les sorties du week-end ne nous ont pas manqué parce qu’elles ne faisaient pas partie de nos habitudes.»

Si pour lui la perspective de commencer un nouveau chapitre à l’université adoucit la rentrée de septembre et le départ du cocon familial, Aurore, quant à elle, paie un léger tribut à cette harmonie: «On a vu qu’on était heureux lorsqu’on était tous réunis, le retour à la normale a été pour moi une source de nombreux questionnements», confie-t-elle.

Elle peut compter sur le soutien quotidien d’Angeline, avec qui elle est amenée à croiser le fer à plusieurs reprises lors de compétitions nationales. «La première fois que j’ai battu ma grande sœur, on a pleuré toutes les deux», sourit Angeline, qui a décroché une médaille d’or en Coupe du monde, à Dijon en début d’année. Elle ne réduit pas la présence de sa grande sœur à ses côtés à une compétition: «La voir s’investir me donne à mon tour envie de ne pas lâcher», affirme Angeline.

Le plus beau trophée ramené à la maison est d’ailleurs le fruit d’un travail commun: en équipe avec une Zurichoise et une Tessinoise, elles ramènent des championnats du monde en Pologne une médaille de bronze en 2019. «Je ne me vois pas dans le rôle de guide, insiste Aurore. C’est quelque chose que nous développons ensemble.»

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