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Religions

Les églises ne sont pas des musées!

A l’heure du recul de la pratique religieuse se pose la question du réaménagement des lieux de culte

A Hauterive, le réaménagement de l’église, destiné à rapprocher les moines des fidèles, séparés jusqu’à présent par deux autels latéraux, a été contesté par la Commission fédérale des monuments historiques.

 Maurice Page, Cath.ch

Maurice Page, Cath.ch

4 septembre 2021 à 04:01

Patrimoine » Contrairement aux idées reçues, les églises, même si elles ont plusieurs siècles, ont presque toutes connu des transformations et des réaménagements majeurs. Vouloir les adapter aux usages de l’époque est donc parfaitement légitime. Les églises, même lorsqu’elles ont une grande valeur historique et artistique ne sont pas des musées, mais des lieux de vie pour les communautés.

De nombreuses paroisses expriment aujourd’hui le besoin de pouvoir utiliser leurs espaces religieux de manière plus flexible. Cela requiert des ajustements concernant la conception de la salle, la disposition des sièges, le mobilier, les bancs, le décor, la lumière, l’acoustique ou encore le chauffage… Autant de travaux qui nécessitent une concertation attentive des compétences et des responsabilités.

Dimension théologique

Pour David Plüss, professeur de liturgie à l’Université de Berne, qui s’exprimait lors de la 4e Journées suisse du patrimoine religieux à Berne, la question est d’autant plus délicate qu’elle engage non seulement des éléments architecturaux, artistiques et patrimoniaux, mais aussi des questions de sensibilité religieuse ou de goût. L’aménagement des lieux de culte a une «dimension théologique, symbolique et pastorale». La dynamique de la flexibilisation des espaces est donc complexe.

Depuis le IVe siècle et l’époque constantinienne, où l’Eglise a été officiellement reconnue, on a commencé à bâtir des édifices spécifiquement destinés au culte. Des règles, des symboles et des rites précis ont été établis. Dès lors, l’église a dû manifester le mystère de la foi. La flexibilité antérieure a disparu.

L’époque actuelle, notamment à travers les mouvements charismatiques, aspire à des célébrations plus libres et davantage dans le goût de l’époque. A une Eglise plus «liquide» correspondent des espaces plus ouverts. Les frontières se déplacent entre le sacré et le profane, la liturgie et la vie quotidienne, l’intérieur et l’extérieur. Tout ceci doit cependant se faire en préservant l’identité des lieux.

Reto Nussbaumer, conservateur des Monuments historiques du canton d’Argovie, rappelle que les édifices de culte de toutes les époques et de tous les styles répondent non seulement aux usages religieux, mais sont des marqueurs importants des paysages locaux. Ils appartiennent ainsi à l’héritage commun. Ce qui implique la nécessité de les préserver.

Aujourd’hui, les responsables du patrimoine se basent sur deux critères principaux: le maintien de la substance à long terme, qui a la priorité sur l’usage et les besoins actuels, et la réversibilité c’est-à-dire le fait de pouvoir revenir à un état antérieur. Le conservateur insiste néanmoins pour dire qu’on peut presque toujours trouver des solutions répondant aux attentes des uns et des autres. «Avec la sagesse, on se bâtit une maison, avec l’intelligence, on la rend solide», conclut-il en reprenant le Livre des Proverbes.

«Remise à neuf»

Je n’aime pas le terme d’assainissement, ni même ceux de restauration ou de rénovation. Je préfère celui de remise à neuf, témoigne pour sa part Richard Bobst, membre du Conseil de la paroisse réformée de Langenthal. On dit que les églises doivent être ouvertes et accueillantes. En théorie c’est une évidence, mais en pratique ce n’est pas toujours le cas: espaces étroits, circulations difficiles, aspect sombre et froid…

Pour lui, une «remise à neuf» passe par deux voies: l’amélioration des espaces et la rénovation par la technique (éclairage, sonorisation, chauffage, locaux annexes, cuisine…). Au temple de Kloten, par exemple, les bancs ont été conçus pour pouvoir être orientés dans diverses directions selon l’usage souhaité et quatre espaces ouverts ont été créés aux angles de la nef.

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