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Religions

«La pauvreté n’est pas que matérielle»

La Journée mondiale des pauvres a lieu ce week-end. Elle sera pleinement vécue à Fribourg et sur Vaud


 Raphaël Zbinden et Pascal Fleury

Raphaël Zbinden et Pascal Fleury

13 novembre 2021 à 02:01

Pastorale » La Journée mondiale des pauvres, instituée en 2015 par le pape François, sera vécue pleinement ce week-end en Suisse romande, où elle s’impose cruellement dans le contexte de la pandémie. Exemples à Fribourg et dans le canton de Vaud.

«Il ne faut pas se limiter à la partie visible et médiatisée, aux personnes qui font la queue pour recevoir des dons de victuailles», affirme d’emblée Agnès Jubin, membre du groupe de la diaconie qui organise l’événement pour les Unités pastorales de la ville de Fribourg. «La pauvreté, c’est quelque chose de plus profond, de plus caché, qui n’épargne pas la Suisse.»

Désespoir et solitude

Durant le confinement, les agents pastoraux de la Cité des Zaehringen avaient mis en place une antenne téléphonique. L’expérience a permis de saisir l’ampleur du problème. «Certaines personnes ne cachaient pas leur désespoir, se disaient perdues. D’autres s’inquiétaient de ne plus pouvoir aller à la messe. Ou alors sollicitaient une écoute», raconte la déléguée pastorale, précisant que l’Accueil Sainte-Elisabeth, lieu d’accueil, d’écoute et d’aide souhaité mis en place par les paroisses catholiques du Grand Fribourg, a aussi constaté une augmentation des sollicitations, que ce soit matérielles ou spirituelles.

«La pauvreté n’est pas qu’un manque d’argent, mais aussi un manque de connaissances, de repères, de contacts. La solitude pèse sur de nombreuses personnes. Avec elles, il s’agit moins d’aider que d’écouter, d’échanger, de partager du temps. Ces gens peuvent nous apporter aussi beaucoup, de par leur expérience et leur résilience. Le Covid a bousculé les codes, d’où l’importance d’être à l’écoute», souligne Agnès Jubin.

Table ronde

Pour débattre de cette problématique avec le grand public, la diaconie de Fribourg organise une table ronde ce samedi à 15 h dans la salle de la paroisse Saint-Pierre. Y participeront le philosophe Jacques de Coulon, le politicien Dominique de Buman, le chef du service social de Villars-sur-Glâne Francesco Laini et le curé modérateur de l’Unité pastorale Notre-Dame Philippe Blanc. Plusieurs thèmes seront évoqués, comme la solitude des personnes âgées ou la migration. Le dimanche, un minipèlerinage sera proposé de l’église du Christ-Roi à l’église Saint-Jean, où sera célébrée la messe à 18 h, en présence de représentants de divers organismes d’entraide. «Les prisonniers de l’établissement voisin seront en pensée avec nous.»

Du côté de l’Eglise vaudoise, Pascal Bregnard, responsable du Département Solidarités, le souligne: «Dans la diaconie, ce qui est chouette, c’est qu’on vit ce que vivait Jésus. On voit des miracles!» Depuis 2016, la diaconie cantonale marque chaque année, de diverses façons, l’événement organisé par l’association internationale Fratello.

Cette année, un pèlerinage est prévu sur deux jours. Il partira ce samedi de La Sarraz, dans le Gros-de-Vaud, progressera ensuite le long de la Via Francigena jusqu’à Cossonay, puis s’achèvera dimanche à Bussigny. Le groupe sera rejoint par d’autres pèlerins ayant rencontré le pape à Assise (lire-ci-dessous), pour une messe.

«Cheminer avec les gens, c’est ce que faisait Jésus, note Pascal Bregnard. La marche en commun ouvre un espace de dialogue, de partage, et c’est une occasion d’éveil spirituel. La diaconie, c’est être avec, prendre le temps de vivre fraternellement avec ceux que le Seigneur nous envoie.»

Les activités de la diaconie sont nombreuses et variées dans le canton de Vaud: aumônerie auprès des prisonniers et des mineurs placés, aide aux requérants d’asile et aux personnes de la rue… L’aide alimentaire reste un secteur important, surtout depuis l’arrivée de la pandémie. «Avec l’aide protestante, nous avons distribué 2,5 fois plus de nourriture au début de la période Covid», fait remarquer Pascal Bregnard. Sur Lausanne, cela représentait 500 familles aidées par semaine.

Non-croyants

Bien sûr, de nombreuses personnes accompagnées sont non-croyantes ou ont peu d’affinités avec l’Eglise. «Malgré cela, je suis épaté de constater tout ce qu’on peut vivre ensemble, et de voir que leur regard change, en même temps que le nôtre, se réjouit Pascal Bregnard. Je suis émerveillé de voir à quel point l’Esprit-Saint souffle, où il veut.». Cath.cH

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