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Économie

Un fabricant espagnol produira la munition du char Guépard à la place de la Suisse

Le géant allemand Rheinmetall a peut-être trouvé la parade à l’interdiction helvétique de réexporter vers un pays en guerre de la munition fabriquée en Suisse


 Pierre-André Sieber

Pierre-André Sieber

24 novembre 2022 à 19:53

Temps de lecture : 1 min

Armement » A cause de la guerre en Ukraine, la filière de l’armement tourne à plein régime, particulièrement dans le secteur des munitions. Le géant allemand Rheinmetall, dont le siège est à Düsseldorf (Allemagne), en sait quelque chose. Via sa filiale en Suisse Rheinmetall Air Defence, anciennement Oerlikon-Contraves à Altdorf et Zurich, l’armurier allemand a équipé de deux canons de 35 mm le char antiaérien Guépard livré par l’armée allemande en Ukraine qui ont besoin de cartouches suisses. Mais comme on le sait, Berne refuse de donner l’autorisation de réexporter vers un pays en guerre de la munition fabriquée en Suisse.

Du coup, le groupe allemand a peut-être trouvé la parade. Récemment, il s’est porté acquéreur de la société espagnole Expal via un contrat d’achat. Implantée sur six sites en Espagne et aussi aux Etats-Unis, cette firme est effectivement spécialisée dans la production de munition. Pour le char Guépard? Contactée par nos soins, la direction de Rheinmetall ne confirme pas mais n’infirme pas non plus. «Nous vous prions de bien vouloir comprendre qu’il n’est pas possible de faire des déclarations sur les activités futures de l’entreprise et sur son orientation avant la conclusion juridiquement valable de l’acquisition», déclare Oliver Hoffmann, responsable des relations publiques.

Reste que dans son communiqué annonçant la signature du contrat d’achat, le groupe Rheinmetall indique que la firme espagnole, pour laquelle il veut investir 1,2 milliard d’euros (1,18 milliard de francs, ndlr), est vraiment calée en matière de munitions. Son futur acquéreur la décrit comme un «fabricant de munitions de renommée mondiale». Lors du rachat, le PDG Armin Papperger s’est montré disert. Au journal Handelsblatt le 23 novembre, il a confirmé qu’après la guerre en Ukraine, la demande mondiale en munitions avait considérablement augmenté, et que la firme espagnole avait les capacités pour doubler ses performances de production grâce à «ses usines modernes et hautement automatisées». Plus précisément, les Espagnols sont de fines lames en matière de munitions pour les systèmes d’artillerie et, ça tombe bien, de canons antiaériens. Selon ce même PDG, les munitions pour le Guépard pourront être fabriquées par Expal. Les autorités de concurrence doivent encore donner le feu vert, et le rachat pourrait être finalisé d’ici à l’été 2023.

Augmenter la cadence

Le montant de l’investissement consenti et la vitesse à laquelle une alternative a dû être trouvée pour nourrir la demande en munition du char Guépard parlent d’elles-mêmes. Le groupe allemand ne donne pas le détail du chiffre d’affaires de sa filiale suisse mais confirme au niveau global que la demande en matériel de guerre augmente. Au printemps déjà, le directeur pour la Suisse, Oliver Dürr, avait adressé un message à l’ensemble de ses employés pour les inciter à raccourcir les délais de livraison jugés trop longs. «Au niveau du groupe, Rheinmetall prévoit une croissance organique du chiffre d’affaires d’environ 15% pour l’exercice 2022 en cours», explique Oliver Hoffmann.

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