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Économie

La technologie conjuguée au féminin

Consacrées à la santé des femmes, les femtechs suscitent toujours plus d’intérêt. La Suisse en pointe

Les femtechs portent sur la santé des femmes, notamment lors de la grossesse.

 Patricia Michaud

Patricia Michaud

28 avril 2022 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Innovation » Dans le milieu des femtechs, l’année 2021 restera gravée dans les esprits. Pour la première fois de sa jeune histoire, ce secteur a passé la barre du milliard de dollars d’investissements globaux, selon PitchBook, un fournisseur des données concernant les marchés des capitaux privés. En six ans, le capital-risque a plus que triplé, constate la même source: de 600 millions en 2015, il a bondi à 1,9 milliard en 2021.

Le mot «femtech» ne vous dit peut-être encore rien. Acronyme de female technology, il regroupe l’ensemble des solutions et des technologies destinées spécifiquement à la santé des femmes tout au long de leur vie. Elles portent notamment sur le cycle menstruel, la fertilité, la grossesse, la contraception, la ménopause et la sexualité. Le terme est apparu en 2016 à l’initiative de la Danoise Ida Tin, la créatrice de Clue, une application de traçage des règles.

Dépenses de santé

Mais au fond, pourquoi cette volonté de créer une sous-catégorie au sein du vaste écosystème de la healthtech? «Alors que les femmes représentent plus de la moitié de la population planétaire et qu’elles dépensent en moyenne davantage que les hommes pour leur santé, ces derniers continuent à être la référence des recherches dans ce domaine», constate Lan Zuo Gillet, directrice adjointe de l’EPFL Innovation Park et cofondatrice du programme Tech4Eva. «Seuls 4% des fonds alloués à la recherche pharmaceutique sont dédiés aux thématiques spécifiquement féminines», poursuit-elle.

Un renversement de vapeur est néanmoins en train de s’amorcer, dans la droite ligne d’un mouvement sociétal plus large visant à briser les nombreux tabous qui frappent encore le parcours de vie des femmes, règles et incontinence urinaire en tête. Plus de 800 entreprises seraient actuellement actives dans les femtechs à travers le monde. A noter que des différences se font sentir en fonction des domaines de compétences: tandis que les start-up qui proposent des solutions orientées sur le cycle menstruel et le bien-être sexuel sont encore peu nombreuses, la fertilité et la maternité font carton plein.

Selon les prévisions de Frost & Sullivan, une société de conseils aux entreprises, la valeur de marché globale du secteur femtechs devrait atteindre pas moins de 50 milliards de dollars d’ici à 2025. Quelques transactions remarquées s’y sont d’ailleurs déjà déroulées. En 2020, la solution britannique Kandy Therapeutics, destinée aux femmes ménopausées, a par exemple été rachetée par le géant allemand Bayer. En 2019, la start-up américaine Progyny, spécialisée dans la fertilité, a pour sa part fait son entrée en Bourse au Nasdaq.

Accélérateur suisse

En Europe continentale, la Suisse est l’un des fers de lance en matière de femtechs. Programme inédit, Tech4Eva vise à encourager la création d’entreprises destinées à la santé et au bien-être global des femmes. En 2021, première année d’existence de cet accélérateur femtechs, quelque 30 start-up – dont dix helvétiques – ont levé 60 millions de francs, détaille Lan Zuo Gillet. «Au total, nous avons reçu 110 dossiers», rapporte la cofondatrice et directrice de Tech4Eva. En décembre 2021, une première conférence suisse sur les femtechs a par ailleurs été organisée. L’appel aux projets 2022 a également eu un joli écho: 124 jeunes pousses venant de 30 pays ont déposé leur candidature, parmi lesquelles 28 ont été sélectionnées.

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