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Économie

Elon Musk s’offre un jouet de pouvoir

Le multimilliardaire fondateur de Tesla et SpaceX aura la haute main sur un réseau social influent


Pierre-André Sieber

Pierre-André Sieber

26 avril 2022 à 21:54

Temps de lecture : 1 min

Interview » Débourser 44 milliards de dollars (42 milliards de francs suisses) dans l’acquisition du réseau social Twitter? Fondateur et patron de la société produisant des véhicules électriques Tesla et de la société aérospatiale SpaceX, Elon Musk a dû mettre les moyens pour parvenir à ses fins. Mais que va-t-il faire de ce nouveau joyau? Va-t-il user de son pouvoir pour bloquer les critiques contre les voitures et les fusées qu’il fabrique? Lui-même «twittomane» absolu disposant de 85,1 millions de suiveurs, le richissime entrepreneur dont la fortune est estimée 219 milliards de dollars par le magazine Forbes n’a pas encore dévoilé sa stratégie.

Il est vrai que le réseau social au petit oiseau bleu exerce une influence sans égale sur le monde politico-médiatique. Une chose est sûre, celui qui a bouleversé le marché des paiements alors qu’il était cofondateur de PayPal multiplie les investissements dans les technologies d’avenir. Twitter, machine à cash ou instrument de pouvoir? Les explications de John Plassard, directeur à la banque Mirabaud, spécialiste en investissements.

Alors qu’elle était vivement combattue, comment Elon Musk a-t-il pu réussir son opération de rachat de Twitter?

John Plassard: L’opération s’est faite à la vitesse de l’éclair. En quelques jours, Musk a révélé une participation passive de 9,2% dans la centrale de médias sociaux. Un mois plus tard, il était déjà prêt à diriger l’entreprise. Dès le départ, l’offre de Musk pour Twitter ressemblait à une plaisanterie. Mais ce qui n’était au départ qu’une série de tweets mystérieux sur la liberté d’expression s’est rapidement transformé en une offre sérieuse de rachat par emprunt, soutenue par le plus gros paquet de financement d’acquisition jamais réuni par une seule personne.
Il semble que l’accord du conseil d’administration a été obtenu lorsque Musk a réuni 46,5 milliards de dollars pour financer son rachat, ses propres actifs couvrant les deux tiers de cette somme. La part de Musk comprend un prêt marginal (équivalant à un prêt de 2e rang, ndlr) géant de 12,5 milliards de dollars garanti par sa participation au capital de Tesla. Le reste provient d’un financement bancaire garanti par les actifs propres de Twitter, un montage classique de rachat par effet de levier (LBO, ndlr). Les inquiétudes concernant le niveau de risque assumé dans l’opération ont été balayées d’un revers de main.

Est-ce que ce rachat peut encore être bloqué et si oui comment?

Le conseil d’administration de Twitter ayant accepté l’offre en espèces de 54,20 dollars par action (soit une prime de quelque 10% par rapport au cours actuel, ndlr) faite par Elon Musk pour acquérir la société et la rendre privée, il y a très peu de probabilité que l’opération capote. Les perspectives de blocage existent tout de même: il pourrait y avoir un refus de la commission de concurrence qui invoquerait comme motif un monopole; un financement d’Elon Musk qui ne serait en définitive pas sécurisé et, enfin, l’arrivée d’un «chevalier blanc» qui paierait un prix plus élevé qu’Elon Musk.

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