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Scènes

Voir le monde avec des yeux d’enfants

Michel Lavoie met en scène Gil de Suzanne Lebeau à Nuithonie. Une pièce coup de poing

Ambiance de répétition, sans costumes ni maquillage: la pièce Gil se déroule dans un hôpital psychiatrique.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

8 janvier 2020 à 13:07

Théâtre » Il est question de limites, du monde de l’enfance, du regard des adultes. Jusqu’où peuvent aller les jeux, quand deviennent-ils dangereux, quand on n’a que dix ans? La pièce Gil, de Suzanne Lebeau, pose plus de questions qu’elle n’en résout. L’intrigue se situe aux Etats-Unis, avec sa culture, son puritanisme, un contexte différent, celui des années 1950-1960. Qu’aurait-il fallu faire de mieux? Que se serait-il passé aujourd’hui? Comédien et metteur en scène, Michel Lavoie s’intéresse à la parole d’un enfant, Gilbert, appelé Gil, au nom de sa compagnie Boréale. Le metteur en scène dirige sa quatrième pièce jeune public, après Alphonse (pour les collégiens), La légende d’Amaru (pour les tout-petits) et Ekeko (pour les enfants à partir de 8 ans).

Cette fois, le sujet destine la pièce davantage à un public d’adolescents. Michel Lavoie a adapté la forme et la mise en scène à ce public-là. Fribourgeois d’adoption, il a pris connaissance de ce texte non édité grâce à ses liens avec Suzanne Lebeau, dramaturge canadienne rencontrée lors de ses études de théâtre à Montréal. Il s’agit d’une adaptation du roman Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué de Howard Buten.

Ambiguïté

Pour Michel Lavoie, il faut remonter au contexte de «sexualisation des corps» à l’œuvre au début des années 1960, à leur «surmédiatisation» et aux réactions paradoxales que cette liberté a pu provoquer. Le jeune Gil apparaît comme particulièrement mûr pour un enfant, comme le décrit le metteur en scène, même si la pièce ne précise pas exactement son âge. Michel Lavoie ne souhaite pas que l’acteur qui joue son rôle, Xavier Loira, «joue à l’enfant». Il ne s’agit pas de faire une performance d’acteur mais de transmettre une parole, qui peut être dérangeante.

« C’est un enfant qui perturbe, qui ne se laisse pas écraser par le monde des adultes »

Michel Lavoie

Gil donc vit une période de «crise», enfermé dans un hôpital psychiatrique. La pièce est racontée de son point de vue: il n’appréhende que partiellement la réalité des adultes qui l’entourent, il n’a pas les clés pour comprendre tout ce qui lui arrive ni les enjeux du discours des adultes, parents et médecins, notamment sur le corps. «C’est un enfant qui perturbe, qui ne se laisse pas écraser par le monde des adultes» ni enfermer dans leur grille de lecture, précise le metteur en scène fribourgeois (photographié ci-dessous). «Ce n’est pas le bon petit citoyen docile, dont rêvent les adultes.» Une situation qui devrait trouver un écho auprès des adolescents d’aujourd’hui, qui sont eux aussi dans une période de leur vie où ils tentent de se frayer un chemin entre ce que la société attend d’eux et ce qu’ils veulent être.

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