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Netflix. «Emily In Paris» saison 3, un 
joli petit nanard

Mettant en scène un Paris à la limite de l’utopie, Emily In Paris revient pour une troisième saison à la nanardise décomplexée. C’est un style

Emily In Paris. Lily Collins as Emily in episode 305 of Emily In Paris. Cr. Marie Etchegoyen/Netflix © 2022

Olivier Wyser

Olivier Wyser

23 décembre 2022 à 10:52

Temps de lecture : 1 min

Abysses » Parfois, le succès d’une série demeure inexplicable. La troisième saison d’Emily In Paris, qui vient de sortir cette semaine sur Netflix, est au moins aussi aberrante que les deux premières. Et pourtant des millions de gens la regardent – y compris l’auteur de ces lignes, pas fier mais honnête. Mais comment peut-on en arriver à un tel niveau de nanardise télévisuelle? Le nom du producteur et showrunner devrait rappeler des souvenirs à certains: Darren Star. Qui donc? Darren Star, l’homme derrière les deux piliers inébranlables de la télévision des années 1990: Beverly Hills 90210 et Melrose Place. Et si on vous dit que le gaillard est aussi responsable d’une des séries les plus influentes des années 2000, Sex and The City pour ne pas la nommer, tout s’explique.

Située dans un Paris idéalisé à la limite de l’utopie, Emily In Paris narre les déboires professionnels et sentimentaux d’une jeune Américaine travaillant dans la publicité et l’événementiel.  C’est Lily Collins – la fille de Phil Collins – qui incarne cette héroïne naïve et décalée. Et elle le fait avec un certain charme. Malheureusement elle n’est pas aidée par un scénario qui multiplie les absurdités et les non-sens. Un exemple: dans cette nouvelles saison, Emily doit ficeler une campagne promo pour le McBaguette, nouveau sandwich star d’un géant bien connu de la restauration rapide. Une scène hilarante la met en scène dans le McDonald’s des Champs-Elysées qui ressemble à un croisement entre une boutique Bucherer et l’aéroport de Dubaï. Pour qui a déjà été se coller les semelles dans ledit restaurant cette «rénovation» télévisuelle ne manque pas de piquant.

Côté personnages on retrouve les mêmes visages emmenés par Philippine Leroy-Beaulieu, glamour et impitoyable patronne de l’agence de pub Savoir, flanquée de ses sbires forcément précieux et/ou efféminés Julien et Luc (Samuel Arnold et Bruno Gouery). Sans oublier les beaux gosses de service  interprétés par Lucas Bravo en chef de cuisine branchouille et Lucien Laviscount en as de la finance british jusqu’au bout des Crockett & Jones. Il y au aussi quelques copines, prévisiblement un peu garces sur les bords: Camille Razat et Mindy Chen… Tout ce petit monde évolue dans un microcosme luxueux entre petits fours et grands hôtels, histoire de faire rêver le spectateur au cerveau stratégiquement débranché.

Pas de caillera en vue

Car c’est bien pour cela qu’Emily In Paris cartonne. La série délaisse toute vraisemblance pour nous fourguer un Paris  de carte postale à faire passer celui d’Amélie Poulain pour du Virginie Despentes. C’est tellement propre, ensoleillé et ripoliné qu’on soupçonne la série d’être tournée uniquement sur font vert. On a beau chercher, on ne croise aucun Rom étalé au sol pour faire la manche ni aucune caillera montée sur trotinette électrique. Curieusement, les protagonistes ne prennent non plus jamais la ligne 13 du métro aux heures de pointe. Et pour compléter ce tableau à la Disneyland, la série collectionne les clichés sur les Français et les Parisiens, à la limite d’une xénophobie au mieux ignorante, au pire décomplexée.

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