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Le mot de la fin

Ode à mon cœur sans fil

Le mot de la fin

Nous n’y songeons pas assez: dans la vie, notre cœur est notre allié le plus précieux. © Tsunami Green/Unsplash

Marc Aebischer

Marc Aebischer

12 septembre 2023 à 17:55

Temps de lecture : 1 min

C’est absolument fascinant: mon cœur bat tout seul! C’est en câblant mon natel l’autre soir que j’ai eu cette soudaine épiphanie, et ça m’a défrisé les vibrisses! Illumination tardive mais poignante: j’ai pris conscience qu’il bat depuis plus de 50 ans de manière autonome sans que je doive le brancher à une prise 220V ou à une quelconque turbine hydraulique pour le recharger. Magique, non? Pièce centrale de notre corps, il perfuse inlassablement les organes alentour de son sang pour prolonger le miracle de la vie.

Oh, je sais ce que vous allez dire. Que la nourriture est notre carburant. Certes, mais cela ne suffit pas. J’ai testé car je voulais en avoir le cœur net: maintes fois j’ai tenté de mettre du pain dans mon toasteur, glisser des fruits dans mon mixeur ou donner une dinde entière à mon four. J’ai attendu, mais rien ne se passe. Ils ne démarrent pas d’eux-mêmes. Je dois en plus enfiler une prise pour qu’ils fonctionnent. C’est pénible ces trucs-là!

Docile prodige

Mon cœur, lui, n’est pas un gourmet. Qu’importe ce que je mange, il poursuit son travail de pompage H24, indépendant et souverain. Que j’ingurgite un bol de quinoa ou un demi-phacochère, il se soumet et s’en contente. Docile prodige! Mais c’est souvent quand il péclote ou lorsqu’une maladie s’immisce qu’on s’en rend compte. La chance d’avoir été en santé nous percute alors de plein fouet. Je me souviens de ma grand-mère qui, grabataire, me répétait encore: «Bonne année et, surtout, bonne santé!» J’acquiesçais poliment, mais je l’aimais aussi beaucoup pour les généreuses étrennes qu’elle m’octroyait; elle avait le cœur sur la main. Et elle avait cent fois raison.

Car notre «QG empoitriné» peut être facétieux. Pour avoir perdu deux très proches d’une crise aussi subite qu’inattendue, je peux dire que ça se complique vite lorsque le cœur se cabre. Trop tard pour réagir, trop court pour des adieux. La mort est certes un projet inévitable et qui nous relie tous, mais c’est le dernier, alors je vais le mettre tout en bas de ma to-do list.

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