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«Je veux écrire une nouvelle page»

Le chef du Département des affaires étrangères Didier  Burkhalter quittera le Conseil fédéral le 31 octobre

Didier Burkhalter démissionne pour le 31 octobre (archives).PETER SCHNEIDER/© KEYSTONE / PETER SCHNEIDER

Christiane Imsand, avec PBO

Christiane Imsand, avec PBO

15 juin 2017 à 00:13

La Conseil national était installé hier après-midi dans une tranquille routine de fin de session quand le président de l’Assemblée a soudain interrompu la séance pour faire une annonce publique. «Le chef du Département des affaires étrangères Didier Burkhalter m’a informé qu’il quitttera le Conseil fédéral le 31 octobre», a-t-il déclaré devant des parlementaires médusés. La nouvelle était d’autant moins attendue que l’on est à la veille d’échéances européennes cruciales, mais le libéral radical neuchâtelois qui siège depuis 8 ans au gouvernement affirme en avoir tout simplement assez. «Je ressens le besoin d’écrire une nouvelle page dans ma vie», écrit-il dans sa lettre de démission.

Surpris, les présidents de l’UDC Albert Rösti et du PDC Gerhard Pfister trouvent le moment mal choisi. «Le Conseil fédéral doit mener vendredi une grande discussion sur les chances d’un accord cadre institutionnel avec l’Europe», rappelle le chef de file de l’UDC. «Partir à ce moment affaiblira sa position de  négociation», renchérit le président du PDC. 

Rien à voir avec l’Europe

Didier Burkhalter n’en a cure. Il a souligné en conférence de presse que sa décision n’avait rien à voir avec cette problématique. «La politique européenne doit être portée par le Conseil fédéral. Pour ma part, je veux passer à autre chose. Cela fait 30 ans que je fais de la politique à différents niveaux. J’y ai mis tout mon cœur, mais ma décision a été prise dimanche. Je ne sais pas encore ce que je ferai par la suite. Tout ce que je peux vous dire est que je souhaite mener une vie moins exposée publiquement». 

Venant de sa part, cette façon d’envisager l’avenir n’étonne pas. Didier Burkhalter s’est toujours distingué par son style discret. Les journalistes qui sollicitent en vain des interviews en savent quelque chose. Le ministre des affaires étrangères croit davantage à la diplomatie de l’ombre qu’aux grands coups médiatiques. 

Sa carrière au sein du Conseil fédéral a connu plusieurs phases. En fonction depuis le 1er novembre 2009, il a d’abord été chef du Département de l’intérieur pendant deux ans, mais il s’est empressé de briguer le siège de Micheline Calmy-Rey au Département des affaires étrangères quand l’occasion s’est présentée. C’est dans ce rôle là que l’on se souviendra de lui. Il dirige la diplomatie suisse depuis le 1er janvier 2012.

Un tournant en 2014

Après les années tumultueuses qui ont caractérisé la carrière ministérielle de la Genevoise, le calme et la discrétion du Neuchâtelois ont été  perçus positivement sous la Coupole fédérale.  Un tournant est intervenu en 2014. Didier Burkhalter avait entamé une année chargée marquée à la fois par la présidence de la Confédération et par la présidence de l’Organisation de coopération et de sécurité en Europe (OSCE) quand le peuple suisse a bouleversé son programme en acceptant l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse, le 9 février 2014.  

Le calme avec lequel il a affronté la tempête soulevée par le résultat de la votation ainsi que sa gestion de la crise ukrainienne au sein de l’OSCE lui ont valu beaucoup de considération. «C’est un véritable homme d’Etat», salue le PLR tessinois Ignazio Cassis tandis que le président du PS Christian Levrat souligne «qu’il a tenté d’établir des relations équilibrées avec l’UE».  

Ces dernières années, son aura a cependant pâli faute de leadership sur la mise en œuvre de l’initiative du 9 février. C’est le Parlement qui a fini par trouver une solution. Par ailleurs, aucun consensus ne se dessine sur les relations à long terme avec l’UE. Fervent partisan de la conclusion d’un accord cadre institutionnel  pour renforcer la voie bilatérale, Didier Burkhalter se heurte à une forte opposition au sein de l’UDC, du PDC et même de son propre parti. Ses adversaires refusent de céder la moindre compétence à la Cour de justice de l’UE pour régler les différends. Il appartiendra à son successeur de résoudre la quadrature du cercle.

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