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Un cinéma qui «parle de nous»

Fribourg • Jean-Théo Aeby tourne «Des gens d’ici», son probable dernier film qui sortira en octobre. Plongée au cœur d’une séance, avec Miss Suisse.

Lauriane Sallin s’entretient avec le cantonnier Michel Simonet devant la caméra du réalisateur Jean-Théo Aeby.Alain Wicht/Alain Wicht/LaLiberte

Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

16 décembre 2015 à 20:09

Lauriane Sallin et Michel Simonet tourne pour le prochain film de JT Aeby, "Des gens d'ici",   Photo Lib/Alain Wicht Granges-Paccot,le 15.12..2015
Lauriane Sallin et Michel Simonet tourne pour le prochain film de JT Aeby, "Des gens d'ici", Photo Lib/Alain Wicht Granges-Paccot,le 15.12..2015Alain Wicht/Alain Wicht/LaLiberte

«Révéler la beauté là où elle est difficile à voir, cela vous parle?» Lorsque Michel Simonet, «le cantonnier à la rose», interpelle l’ambassadrice de la beauté Lauriane Sallin, c’est tout un symbole, incarné par la fleur qu’il lui offre. Un geste capturé mardi à Fribourg par la caméra de Jean-Théo Aeby, lors du tournage d’une séquence de son prochain film: «Des gens d’ici». Sa sortie en salle est prévue autour du 20 octobre, après deux ans de tournage. D’abord intitulé «L’armailli et les bouébos», centré sur ces garçons et filles de chalet vêtus de la traditionnelle chemise d’armailli, le thème s’est élargi à un hommage aux «gens de chez nous», à la nature et aux traditions, explique son auteur.

Celui-ci se plaît à y confronter les clichés: beauté de la rose et laideur des déchets, folie de la ville et calme de la campagne, traditions et modernité. Volontairement composite, le film comporte de nombreux clins d’œil à ses quatre précédentes réalisations. On retrouvera notamment un personnage rencontré dans «Chemin du Paradis», affairé cette fois à la fabrication du fromage en Gruyère. Le cinéaste de 72 ans envisage en effet de «boucler la boucle», avec ce dernier film, estimant avoir réussi à transmettre un message.

«Je veux offrir ce cinéma qui parle de nous, nos aînés, notre région, avec une touche de nostalgie, le regret de ce qui va disparaître. Je veux laisser la mémoire de ce canton, sa nature, ses traditions, ses gens. Les traditions y sont encore très vivantes, mais des choses, une sorte de patience de la vie, se perdent rapidement. A l’ère du numérique, on aime avoir tout, tout de suite».

Les «bouébos», késako?

Parmi ces gens qui «font» le canton de Fribourg, Jean-Théo ne pouvait oublier Miss Suisse, qui vient de Belfaux comme lui. Sous l’œil de la caméra, celle-ci se prête volontiers au jeu des questions et en lit une dizaine, préparées par le réalisateur, sur le thème de la nature, des traditions ou personnelles. Il s’agit d’y répondre du tac au tac - elle ne demandera pas de joker. L’une d’elles la laisse perplexe: «Dans mon film, je montre les bouébos. Ce mot a-t-il un sens pour vous?» lit-elle.

«Ce sont les garçons et filles de chalet», l’éclaire le cinéaste. Elle évoque alors de «courageux jeunes, qui endossent tôt une grande responsabilité», une charge qui aura sans doute un impact positif dans leur vie.

«Faire vivre le terroir»

Face à la caméra, Miss Suisse ne démérite pas, estime Jean-Théo Aeby, qui relève sa beauté physique mais aussi morale et intellectuelle. Pourtant fort occupée, elle a accepté la demande du réalisateur car le thème lui parle: «Il est important de faire vivre le terroir. Et plus je m’expatrie, plus je me rends compte que je suis Fribourgeoise! Les traditions y restent encore ancrées, avec quelques préjugés mais beaucoup de positif. Je déplore une perte progressive de nos liens avec la nature. Ce film est un beau projet, qui la met à l’honneur.»

Si Miss Suisse et Michel Simonet forment un fil rouge du film, d’autres personnages incarnent une part de Fribourg, images vivantes des traditions. Tels que les artisans du Gruyère, les tavillonneurs et, bien sûr, les armaillis à l’alpage. «Ces deux derniers métiers sont menacés: les tavillonneurs ne sont plus que 10 dans le canton et les armaillis, sont de moins en moins nombreux», note Jean-Théo Aeby.

Une autre sorte de tradition risque de se perdre. Celle qu’incarne Valentine Jaquier, tenancière du bar Elvis et Moi, qui fermera à fin 2015. «Une histoire se clôt», remarque le réalisateur.

L’amatrice de rockabilly passera le micro au chanteur Jo Mettraux qui interprétera «De là-bas, de là-haut». Michel Simonet prêtera aussi sa voix et des accords de piano arrangés par le compositeur et musicien Dom Torche habilleront les images.

«Je ne fais peut-être pas du cinéma de professionnel. Mais j’ai une façon de filmer humaine, qui touche. J’aime les gens, j’aime parler d’eux», conclut le cinéaste passionné.

=> Sortie prévue autour du 20 octobre, aux cinémas Arena à Fribourg, Prado à Bulle, Apollo à Payerne, Sirius à Châtel-St-Denis. DVD disponible avant Noël 2016.

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